Qu’elles décident d’allaiter ou de tire-allaiter, qu’elles en fassent le choix ou qu’elles y soient contraintes, de nombreuses mères sont amenées à tirer leur lait. Lors d’une reprise du travail, pour éviter de se dévêtir en public, pour nourrir un bébé qui ne peut pas téter ou pour prévoir une séparation plus ou moins longue, le fait de tirer du lait maternel permet de continuer à offrir à bébé tous les bienfaits de cet aliment complet.
Quand faut-il commencer à tirer du lait ? Quels sont les périodes propices de la journée pour procéder à l’expression du lait ? Comment s’organiser pour tirer du lait au travail ? Les réponses à ces questions dépendent de plusieurs facteurs, notamment des objectifs liés à l’expression du lait. Le moment opportun pour tirer du lait va donc s’aligner sur les besoins du nourrisson et sur les disponibilités de la mère.
S’il n’est pas rare pour une femme enceinte de produire du colostrum pendant la grossesse, ce phénomène se manifeste généralement par la présence de quelques gouttes de lait dans le soutien-gorge. Le corps médical déconseille aux femmes enceintes de moins de 36 semaines d’exprimer du lait avant la naissance, car la stimulation des seins exercée par l’allaitement induit une libération d’ocytocine(1). Or cette hormone favorise la survenue des contractions utérines. Pour éviter tout risque de naissance prématurée, il est préférable de ne pas tirer de lait au cours de la grossesse.
Il existe cependant certains cas où le fait de constituer une provision de colostrum avant la naissance est intéressant, et recommandé par certains médecins. L’idée est alors d’éviter de nourrir le bébé avec un complément artificiel si ce dernier ne parvient pas à téter, ou qu’il rencontre des difficultés à réguler sa glycémie.
Voici les cas les plus fréquents qui justifient de tirer du lait avant la naissance :
Comme le lait produit pendant la grossesse n’est présent qu’en infimes quantités, il est de préférence exprimé à la main puis stocké dans des seringues pour un usage ultérieur.
Le diabète, qu’il soit lié à la grossesse ou présent avant celle-ci, peut exposer l’enfant porté à une hypoglycémie après sa naissance. Si le bébé ne tète pas correctement, il faut alors pallier cette hypoglycémie à l’aide de lait donné à la seringue ou au biberon.
C’est pour cette raison que certains médecins encouragent les femmes souffrant de diabète au cours de la grossesse à tirer du lait dès la 36ème semaine. Elles peuvent ainsi constituer un stock de lait maternel à utiliser au besoin après la naissance pour nourrir leur bébé. Il semble que cette pratique puisse être appliquée aux femmes avec un risque bas de complication sans dommage, si l’on se réfère à cette étude(2).
Dans le cadre d’une naissance normale sans complication, il est recommandé aux femmes qui font le choix d’allaiter ou de tire-allaiter de laisser le temps à l’allaitement de se mettre en place avant de commencer à tirer leur lait. Les raisons des ces préconisations sont les suivantes :
En général, la bonne période pour commencer à tirer du lait, en prévision par exemple d’une reprise du travail, est de 4 à 6 semaines après l’accouchement. Les tétées sont alors bien mises en place, le lait mature a remplacé le colostrum et le lait de transition, le nourrisson s’est adapté à la succion au sein.
Les mères qui, pour des raisons personnelles ou médicales, veulent uniquement donner leur lait au biberon peuvent commencer à tirer leur lait dès la naissance. L’usage du tire-lait durant le post-partum permet aussi aux mères ayant des montées de lait très importantes de réduire en partie l’inconfort, ou d’assouplir les seins avant la tétée.
L’important est de trouver la plage horaire pendant laquelle la mère bénéficie d’une situation propice à l’expression du lait : au calme, assise dans un lieu confortable et intime.
Il faut savoir que la composition du lait varie(3) tout au long de la journée, d’une façon assez similaire à celle de la composition du sang maternel. Par exemple, la mélatonine qui favorise l’endormissement et connaît une hausse chez la mère en fin de journée se retrouve aussi de façon plus importante dans le lait tiré en soirée(4). Inversement, le lait du matin est plus chargé en cortisol, l’hormone du stress, qui favorise l’éveil. On constate aussi que le lait tiré le matin contient davantage de composants favorables à l’immunité, comme les anticorps IgA et les phagocytes, que le lait tiré le soir.
Pour conserver tous les avantages de cette chrononutrition, il faudrait établir un planning très précis pour tirer le lait et le donner à bébé à une heure similaire de la journée. Il s’agit d’une démarche difficilement réalisable, surtout pour les mères qui doivent tirer leur lait au travail.
Heureusement, le lait maternel conserve de nombreux bénéfices, quelle que soit l’heure à laquelle il est exprimé. Les enfants ayant été allaités, même peu de temps, ont tendance à démontrer des facultés cognitives plus élevées(5) vers 2/3 ans que les enfants n’ayant jamais été allaités. L’étude ne porte pas sur des bébés nourris avec du lait maternel au biberon, mais elle émet l’hypothèse très probable que c’est la composition du lait maternel, riche en acide gras, qui influence le développement cérébral. Ces acides gras étant conservés lors de l’expression du lait, les bébés nourris avec du lait maternel à la seringue, au gobelet ou au biberon en bénéficient donc.
En résumé, le meilleur moment de la journée pour tirer du lait est souvent celui pendant lequel la mère est disponible. En menant elle-même des expérimentations, elle constatera également qu’elle parvient plus facilement à tirer du lait à certaines périodes de la journée, et pourra organiser son planning en fonction.
Quel que soit le moment de l’expression du lait, le lait maternel reste toujours le meilleur aliment pour nourrir bébé.
Lorsqu’un bébé est allaité, il doit rester prioritaire lors des tétées afin de pouvoir bénéficier de tous les nutriments nécessaires pour sa satiété et sa santé, ainsi que des milliers de molécules(6) issues du lait maternel contribuant au développement sain de l’enfant. Comme la composition du lait varie pendant la tétée, il est préférable de donner le sein à bébé avant de tirer du lait pour qu’il puisse à la fois boire du lait de début de tétée, désaltérant, et du lait de fin de tétée, plus riche en lipides.
Toutefois, si bébé ne tète qu’à un seul sein par tétée, il est envisageable de tirer le lait d’un côté avant la tétée puis de donner l’autre sein à bébé. Lorsque le sein est trop tendu ou que le lait sort en jet, la mère peut aussi choisir de tirer un peu de lait à la main avant de proposer la tétée à bébé.
Cela dépend du volume de lait bu par l’enfant. Si le sein est presque vidé par la tétée, il faut alors attendre une petite heure avant de pouvoir tirer à nouveau du lait de façon satisfaisante. Il est aussi possible de tirer le lait de l’autre sein directement après la tétée, si bébé n’a pas ou a peu bu de ce côté.
Il est tout à l’honneur des mères qui reprennent le travail de vouloir poursuivre l’allaitement. Si la loi prévoit bien des dispositions pour que les mères puissent allaiter au cours de la journée, à raison de deux pauses de 30 minutes(7) quotidiennes, il est parfois plus simple de tirer son lait afin d’en faire profiter bébé lorsque ce dernier fréquente la crèche ou est gardé par une nounou.
Mais tirer son lait au travail ne s’impose pas de soi-même. Cela demande une certaine organisation afin, d’une part, de pouvoir matériellement tirer le lait, et d’autre part, de pouvoir conserver le lait maternel exprimé dans de bonnes conditions.
La glacière isotherme avec poches de froid permet de maintenir une température d’environ 15°C. Le lait maternel conservé dans cet environnement se garde 24 heures(8), mais attention, il doit être jeté à l’issue de ce délai. En considérant qu’une mère tire une première fois son lait vers 10 heures le matin, celui-ci passera environ 8 à 10 heures dans la glacière. S’il est de suite placé au réfrigérateur, il pourra être consommé le lendemain par bébé.
Tirer son lait au travail demande aussi de prêter attention aux règles d’hygiène, afin d’assurer le minimum de prolifération bactérienne dans le lait maternel recueilli. Il n’est pas nécessaire de stériliser tout le matériel avant de tirer du lait, mais il faut tout de même utiliser des ustensiles propres et procéder après s’être lavé les mains. Plus longtemps le lait doit être conservé, plus il est important d’assurer une hygiène impeccable lors de l’expression du lait.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32756565/
https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(17)31373-9/fulltext
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32759654/
https://www.nature.com/articles/s41390-019-0368-x?utm_source=commission_junction&utm_medium=affiliate&utm_campaign=CONR_PF018_ECOM_GL_PHSS_ALWYS_DEEPLINK&utm_content=textlink&utm_term=PID7988260&CJEVENT=ac2cf6cdac6f11ed81c40d440a18ba74
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23312681/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23178060/
https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F1769#:~:text=Oui%2C%20une%20salari%C3%A9e%20peut%20s,minutes%20pendant%20l'apr%C3%A8s%2Dmidi
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8632934/
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