Source de bien des questionnements de la part des mères et des parents, le lait maternel est un aliment prodigieux qui répond à tous les besoins de l’enfant jusqu’à ses 6 mois. Sa composition variable et sa richesse en éléments bénéfiques pour le développement de bébé sont inégalées par les préparations infantiles. Découvrez tout ce qu’il y a à savoir sur le lait maternel.
Riche en eau, le lait maternel contient des macronutriments nécessaires à la croissance du bébé, mais aussi des minéraux, des oligo-éléments, des vitamines, et des bactéries.
Avec un taux moyen de 9 à 12 grammes par litre de lait (1), les protéines du lait maternel sont en nombre inférieur à celui des autres mammifères. Ces protéines sont toutefois très bien absorbées par l’organisme du nourrisson, et font preuve d’une composition idéale en acides aminés.
Le lait maternel est aussi riche en graisses que le lait de vache, mais s’avère plus digeste grâce à la présence de la lipase. Cette enzyme lipidique agit en collaboration avec les enzymes pancréatiques pour digérer les lipides du lait maternel. Le lait humain contient aussi des acides gras essentiels comme l’acide arachidonique (AA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA).
Plus que de simples sucres, les glucides présents dans le lait maternel s’avèrent très spécifiques. Ces oligosaccharides agissent comme des prébiotiques en favorisant la mise en place de la flore intestinale. Ils ont prouvé leur efficacité contre les infections néonatales (2).
Le lait humain désaltère aussi bien qu’il nourrit grâce à son taux hydrique de 87,5%.
Calcium, potassium, magnésium, sodium : le lait maternel est une importante source de minéraux et d’oligo-éléments. La concentration est adaptée aux capacités rénales du nourrisson. Parmi les vitamines notables, le lait humain contient des vitamines A, B, C, D, E, K et PP.
Issues du microbiote intestinal de la mère ou de la bouche de l’enfant, les bactéries contenues dans le lait maternel participent à l’ensemencement de la paroi intestinale du nourrisson.
La composition du lait maternel évolue en permanence. Elle s’ajuste à l’âge et aux besoins de l’enfant.
De la naissance au premier mois de l’enfant, la production de lait maternel se modifie en passant par trois grandes étapes.
C’est le tout premier lait produit par la mère, parfois dès la grossesse, le plus souvent pendant ou juste après l’accouchement. Le colostrum est un lait épais, de couleur jaune, riche en protéines et faible en graisses, ce qui le rend plus facile à digérer pour le nourrisson.
Vers le 3ème jour d’allaitement, la mère connaît un phénomène appelé la montée de lait. Le volume de lait maternel produit augmente soudainement, et la composition de ce lait change jusqu’à devenir un lait de transition.
Le lait transitionnel connaît une composition différente en termes de protéines. Il comporte davantage de lactosérum et moins de caséine, un phénomène qui s’accentue ensuite jusqu’à l’équilibre des deux éléments. Le taux de lipides du lait transitionnel augmente également, tandis que le taux de protéines et de sels minéraux diminue.
Vers la fin du premier mois de bébé, la mère produit du lait mature, assez fluide, à la couleur proche du blanc/bleuté. Sa composition reste relativement stable au fil des semaines, même si elle s’adapte aux besoins de l’enfant et varie selon l’alimentation maternelle (3).
Que ce soit au niveau de sa couleur, de sa texture ou de sa composition, le lait maternel change au cours de la même tétée.
Au début de la tétée, le lait maternel est exprimé de façon prolifique. Il sort très rapidement et abondamment en transitant par les canaux lactifères. Les lipides tendent alors à rester accolés aux parois. Le lait de début de tétée est donc particulièrement aqueux, désaltérant, faible en graisses et de couleur légèrement bleutée, voire presque transparente.
Une étude relativement datée (4) explique par ailleurs que les nourrissons qui ne consomment que du lait de début de tétée peuvent avoir du mal à être rassasiés, du fait de la pauvreté de ce lait en nutriments gras.
Au fur et à mesure que bébé tète, le flux se régule jusqu’à devenir plus modéré. En milieu de tétée, le lait maternel se charge donc davantage de lipides. Il prend une couleur plus opaque, proche du blanc.
C’est à la fin de la tétée que le lait est le plus riche en lipides. Sa consistance crémeuse et épaisse permet d’apaiser la faim de bébé. La couleur du lait de fin de tétée vire au blanc jaunâtre.
Il est intéressant de noter que la composition du lait varie aussi dans la journée (5), de telle sorte que la production de lait s’adapte exactement aux prises du nourrisson.
Les études ne manquent pas pour qualifier les nombreux bienfaits de l’allaitement. Nourrir son bébé avec du lait maternel (au sein ou tiré) présente d’ailleurs des bénéfices pour l’enfant, mais aussi pour la mère.
Les oligosaccharides contenus dans le lait maternel contribuent à l’implantation d’une flore intestinale équilibrée et riche, grâce à leur action prébiotique (6). Si les nourrissons allaités souffrent beaucoup moins de coliques, c’est à la fois parce que le lait maternel est plus digeste, et parce qu’il contient ces sucres favorisant le développement de bonnes bactéries dans le système digestif.
Dans le livret du PNNS (7) (programme national nutrition santé), pages 10 et 11, il est fait mention du rôle crucial de l’acide arachidonique sur la maturation du cerveau et de la rétine. Chez les prématurés, explique le livret, la synthèse de cet acide est incomplète d’où l’importance d’en fournir dans l’alimentation par le lait maternel car le lait artificiel en est exempt. Le lait produit par la mère contient aussi une part de DHA, un acide gras qui participe à la construction cérébrale.
La richesse du lait maternel en DHA explique une disparité entre les bébés nourris au lait artificiel et ceux nourris au lait maternel. Le développement cognitif des enfants allaités est plus susceptible d’être élevé (8) que celui des enfants non allaités, l’une des conséquences étant un QI plus élevé chez les bébés ayant bu du lait maternel.
L’un des grands atouts du lait maternel pour le nouveau-né réside dans sa concentration en anticorps spécifiques. Le lait de chaque femme contient effectivement des anticorps en lien avec l’environnement connu, qui est aussi celui du bébé. Ainsi, une étude américaine (9) démontre que les anticorps contre le Covid-19 restent présents dans le lait jusqu’à 10 mois après l’infection contractée par la mère.
Les bébés qui bénéficient d’un allaitement exclusif lors des 6 premiers mois de vie sont moins susceptibles de contracter des infections ORL, digestives ou dermatologiques, comme le prouve cette autre étude (10) sur les bienfaits du lait maternel. L’effet est encore plus marqué chez les grands prématurés, pour qui la consommation de lait maternel (11) favorise les chances de sortir de l’hôpital plus tôt.
Si les scientifiques n’ont pas encore pu démontrer que le lait maternel contenait des éléments susceptibles de réduire la douleur ressentie par un enfant, la pratique de l’allaitement engendre des réactions moins marquées et des pleurs plus courts (12) après une procédure de vaccination.
Qu’il s’agisse d’une poussée dentaire, d’une procédure médicale à réaliser ou d’un inconfort passager, tout élément perturbant le bien-être de bébé peut être soulagé par la tétée. Le contact avec la mère, la succion, la chaleur et l’odeur maternelle sont autant de points avancés pour expliquer l’apaisement procuré par l’allaitement chez les tout-petits.
Alors que les croyances populaires établissent souvent un lien entre les nuits difficiles et l’allaitement, il semblerait que les bébés nourris au lait maternel soient plutôt privilégiés en ce qui concerne l’acquisition du rythme circadien.
D’une part, cette étude (13) ne montre aucune différence entre la fréquence d’éveil des nourrissons, qu’ils soient allaités ou biberonnés. D’autre part, le lait maternel contient des nucléotides (14), qui favorisent la relaxation et l’endormissement via leur action sur le système nerveux central. Les bébés allaités la nuit ont donc plus de chance de retrouver rapidement le sommeil. En dormant davantage la nuit, ils sont plus actifs en journée. Ils acquièrent alors progressivement la distinction entre les périodes d’éveil et de sommeil.
Avoir été allaité pendant plus de 6 mois est un cadeau inestimable que la mère peut faire à son enfant. Cette étude de 2008 (15) atteste du lien significatif qui existe entre l’allaitement dit long et la baisse du risque de développer une leucémie ou un certain type de lymphome dans les années à suivre.
Alors que le diabète de type 2 constitue l’une des maladies les plus répandues du 21ème siècle, l’allaitement montre des bénéfices durables qui permettent de réduire le risque (16) de développer cette pathologie. Parmi les autres bénéfices relatés dans l’expérience, il faut noter le moindre risque d’obésité à hauteur de -13%.
La production de lait maternel dépend de multiples facteurs, et notamment de l’état de santé de la mère. Si l’on considère les résultats de cette étude (17), le stress ne semble pas influencer la quantité de lait maternel produit. Néanmoins, dans les faits, certaines mères rapportent connaitre une baisse de lactation lorsqu’elles sont fatiguées, anxieuses ou déprimées. Il ne faut donc pas négliger l’état psychologique de la mère, qui aura aussi tendance à moins mettre son bébé au sein lorsqu’elle est épuisée.
Or, c’est justement la fréquence et la durée des tétées qui joue directement sur la quantité de lait produit. Plus l’enfant tète, plus le corps de la mère produit de lait. Une baisse de lactation avérée, constatée lorsque bébé ne prend plus assez de poids et n’émet pas assez de selles ou d’urine, est souvent dû à une insuffisance de tétée. L’une des causes peut être que l’enfant est mal positionné et ne boit pas correctement.
Une alimentation insuffisante pourrait également expliquer une baisse de production de lait maternel. Cette étude (18) portant sur les pratiquantes du Ramadan montre que la quantité de lait produite par les mères pendant le jeûne est inférieure à celle habituellement connue.
Enfin, une contraception inadaptée peut exercer une influence considérable sur la quantité de lait maternel produit. À ce titre, les pilules œstroprogestatives sont déconseillées aux femmes allaitantes car elles freinent la montée de lait.
Le meilleur moyen de stimuler la production de lait maternel est de mettre l’enfant au sein régulièrement, dès l’apparition de signes annonciateurs de faim tels que :
Il est aussi possible de mettre l’enfant au sein sans attendre les signes précurseurs, de façon à stimuler la tétée et la production de lait. Dans tous les cas, une fois que bébé a tété d’un côté, il faut lui proposer l’autre sein.
Une autre pratique nommée power pumping permet de relancer ou d’augmenter la production de lait maternel de façon mécanique, en tirant le lait à la main ou à l’aide d’un tire-lait plusieurs fois dans la journée.
L’alimentation équilibrée et variée apporte normalement tous les nutriments nécessaires à la mère pour produire une quantité suffisante de lait maternel. Les produits laitiers et les légumes à feuilles comme le chou kale doivent figurer au menu, car l’allaitement puise dans les réserves maternelles de calcium (19). À défaut, une complémentation en calcium peut être envisagée avec l’accord d’un médecin.
Lorsque le nourrisson tète suffisamment chaque sein, aucun aliment n’est nécessaire ou utile pour augmenter la production lactée. Certaines plantes comme le fenugrec sont traditionnellement utilisées pour augmenter la quantité de lait maternel, sans qu’aucune étude sérieuse ne puisse corroborer leur effet.
Lait maternel | Lait artificiel (à base de lait de vache) | |
Teneur en protéines | De 7 à 12 g/L | De 30 à 35 g/L |
Teneur en lipides | Environ 40 g/L, mais très variable selon la période (s’adapte aux besoins de bébé) | Autour de 40 g/L |
Teneur en glucides | De 65 à 70 g/L | De 45 à 50 g/L |
Teneur en acide linoléique (oméga-6) | De 3 à 6 g/L | Moins de 1 g/L |
Teneur en sels minéraux | 2 g/L | 7 g/L |
Pourcentage d’acide arachidonique par rapport aux acides gras | 0,5% | 0% |
Présence de molécules allergisantes | Non sauf si la mère consomme du lait de vache(20) | Oui, dont la β-lactoglobuline |
Présence d’hormones de croissance et métaboliques | Oui | Non |
Présence d’anticorps, d’antiviraux et d’antibactériens | Oui | Non |
Composition qui se modifie en fonction des prises de bébé et de l’état de santé de la mère | Oui | Non |
Votre lait maternel est l’aliment le plus adapté et le plus nourrissant pour bébé. Jusqu’à 6 mois, l’OMS recommande l’allaitement exclusif sans aucun autre apport (21) (pas même d’eau), ce qui prouve bien que le lait maternel répond à tous les besoins alimentaires et hydriques du nourrisson.
Il semblerait que le lait maternel prenne le goût des aliments consommés par la mère dans certains cas, comme le montre cette étude (22) sur la présence du goût d’ail dans le lait maternel. En dehors de l’influence des aliments ingérés par la mère, le lait maternel offre une saveur légèrement sucrée, attractive pour le nouveau-né (23) dont le palais apprécie en premier les aliments sucrés.
À l’époque où les enfants étaient confiés à des nourrices, ces femmes pouvaient allaiter plusieurs enfants en même temps, parfois jusqu’à 5 ou 6. Une mère de jumeaux ou de triplés peut donc parfaitement allaiter ses bébés sans aucun complément. Il faut toutefois disposer d’une bonne organisation et du soutien précieux d’une tierce personne (24) comme le relatent certaines mères de jumeaux qui ont allaité leurs bébés.
Le lait maternel est produit à la demande, en fonction de la prise de bébé. Plus le sein est rempli, moins il produit de lait (25). Ce n’est donc pas tant une histoire de temps que de besoin de l’enfant. On constate toutefois qu’une période de 45 minutes peut être nécessaire pour retrouver du débit lorsque tout le sein a été vidé de son lait maternel.
Il est possible de tirer du lait maternel à la main ou avec un tire-lait, et de le conserver ensuite en veillant à respecter certaines conditions d’hygiène.
Comme le rappelle Santé Publique France (26), la consommation d’alcool pendant l’allaitement est à éviter au possible. Des conditions sont à adopter en cas de prise d’alcool lors de l’allaitement.
Lorsque le lait maternel est transparent, en début de tétée par exemple, c’est qu’il est très dilué. Il apaise la soif de bébé avant de lui fournir les nutriments nécessaires. Au fur et à mesure de la tétée, le lait maternel s’épaissit et se charge de graisses, ce qui le rend plus opaque et blanc.
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https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28222656/#:~:text=Background%3A%20%CE%B2%2Dlactoglobulin%20(BLG,milk%20protein%20allergy%20(CMPA).
https://www.who.int/fr/health-topics/breastfeeding#tab=tab_1
https://www.mdpi.com/2218-1989/6/2/18
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5492973/
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3905645/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22150998/
https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/alcool/documents/depliant-flyer/zero-alcool-pendant-la-grossesse
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