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Le colostrum, un aliment inestimable pour le nouveau-né

Élixir de vie, or liquide : les surnoms donnés au colostrum évoquent déjà toute l’importance et la préciosité de ce premier aliment destiné aux nourrissons.
Bien qu’il soit produit en infimes quantités par la mère, le colostrum dispose de
propriétés anti-infectieuses largement démontrées, et d’une composition nutritionnelle unique qui favorise sa bonne assimilation par le nouveau-né.

Le colostrum est l’aliment essentiel, suffisant et inégalable qui s’avère directement disponible à la naissance dans la plupart des cas.
Si la science n’a pas fini d’en étudier les secrets, le colostrum reste d’ores et déjà établi comme
le premier lait le plus adapté au bébé durant les jours qui suivent l’accouchement.

Sommaire

Le colostrum, c’est quoi exactement ?

Le colostrum est la toute première forme de lait produite par les mammifères, dont les humains, juste après la naissance du ou des bébé(s). Décrit comme un superaliment à juste titre, il offre des propriétés protectrices et nutritives importantes, si ce n’est vitales, aux nouveau-nés.

Riche en protéines, en anticorps et en différentes molécules immunitaires, le colostrum conditionne le bon développement du système immunitaire du nourrisson pour qu’il puisse affronter le monde extérieur. Il aide également à sceller les parois intestinales pour réduire les risques infectieux, avec un effet protecteur qui perdure jusqu’à l’âge adulte(1).

Le colostrum apparait comme un liquide assez épais, de couleur dorée, orangée ou blanche jaunâtre. Il s’avère également plus collant que le lait de vache ou le lait maternel mature.

La composition du colostrum, unique en son genre

Le colostrum possède une composition unique qui lui confère des propriétés nutritionnelles et immunologiques exceptionnelles, visant à protéger le nourrisson lors des jours qui suivent sa naissance. Il s’avère particulièrement riche en protéines, avec un taux supérieur de 2 à 3 fois au taux de protéines dans le lait maternel mature, produit un mois après l’accouchement.

La teneur en protéines du lait maternel diminue progressivement durant les 8 premières semaines du post-partum, passant d’environ 2 grammes par dl à la naissance à 1 gramme par dl à la 8ème semaine. Il est intéressant de noter que le colostrum produit par la mère d’un bébé né avant terme est significativement plus riche en protéines que celui produit par la mère d’un bébé né à terme (le taux de protéines du colostrum à la naissance tourne autour de 2,5 grammes par dl(2) chez les mères ayant accouché avant 29 semaines de grossesse).

Parmi les protéines du colostrum se retrouvent des immunoglobulines, des cellules immunitaires essentielles à la protection du nourrisson, et des leucocytes qui sont quasiment absents du lait mature. Le colostrum est également riche en facteurs de croissance(2) (20 fois plus que dans le lait mature), en vitamines et en minéraux.

Après 2 semaines d’allaitement, le lait maternel évolue. Sa composition intègre un pourcentage plus élevé de lipides et de lactose, un sucre plus difficile à digérer qui nécessite que les intestins de bébé aient été préparés en amont par la consommation du colostrum.

Quand a lieu la production de colostrum ?

Lors de la grossesse, l’organisme maternel subit des bouleversements hormonaux qui engendrent le début d’un processus appelé lactogenese. Deux principales étapes sont à différencier.

La lactogenese I se produit au cours de la grossesse. Les seins se préparent à allaiter. Les cellules épithéliales contenues dans les glandes mammaires se multiplient et se différencient(3) afin de former des alvéoles, structures productrices de lait maternel. Les taux de progestérone et d’œstrogènes, élevés, inhibent cependant la production de lait. Au dernier trimestre de grossesse, la plupart des femmes enceintes produisent une petite quantité de colostrum et peuvent en exprimer une ou deux gouttes.

La lactogénèse II est déclenchée par l’accouchement, et plus précisément par la délivrance (l’évacuation du placenta par le corps maternel). La perte du placenta conduit à la chute des niveaux de progestérone et d’œstrogènes. C’est alors la prolactine qui prend le relai et stimule la production de colostrum. Les cellules épithéliales des alvéoles commencent à sécréter du lait maternel. Collecté dans les canaux lactifères, le colostrum se dirige vers le mamelon sous l’effet de l’ocytocine, une hormone très impliquée dans le processus d’allaitement et libérée en partie sous l’effet de la succion du mamelon par le nouveau-né. Un cercle vertueux se met en place : le nouveau-né tète, les hormones de l’allaitement augmentent, le colostrum est produit et éjecté, ce qui conduit le nourrisson à téter à nouveau pour se nourrir. Ce précieux lait sera produit jusqu’à la montée de lait, qui a lieu entre le 3ème et le 5ème jour après l’accouchement.

La production de colostrum reste influencée par les variations hormonales maternelles. Le taux de prolactine est ainsi déterminant pour permettre la fabrication de colostrum. Le cortisol, hormone déclenchée par une situation de stress, inhibe en revanche ce processus(4) lorsqu’il est présent en excès. Dans le cas d’une naissance difficile, la mère peut donc éprouver des difficultés à exprimer du colostrum directement après l’accouchement.

Si la naissance a lieu de façon prématurée, il est aussi possible que le corps maternel ne soit pas hormonalement disposé à concevoir du colostrum. D’après cette étude(5), 82% des femmes qui accouchent avant terme ne disposent pas de tous les marqueurs nécessaires à une bonne initiation de la lactation. La production suffisante de colostrum se mettra éventuellement en place selon les mesures prises telles qu’un allaitement avec un DAL ou des sessions de power pumping.

Combien de colostrum est produit durant le post-partum ?

La quantité de colostrum produite par la mère après la naissance est assez variable d’une personne à l’autre selon des caractéristiques personnelles et en fonction du comportement de la dyade mère/bébé. Toutefois, elle suit normalement une pente ascendante jusqu’à la montée de lait, qui signe le début de la production de lait de transition avec des volumes beaucoup plus importants.

 

À la naissance

Au 1er jour

Au 2ème jour

Au 3ème jour

Entre le 3ème et le 5ème jour

Au 7ème jour (lait de transition)

Quantité moyenne de colostrum/lait par tétée

2 à 20 ml

Entre 10 et 30 ml

Entre 20 et 40 ml

Entre 30 et 50 ml

 

 

Montée de lait

Entre 60 et 80 ml

Quantité moyenne de colostrum/lait par jour

10 à 100 ml

Environ 100 à 200 ml

Environ 200 à 300 ml

Environ 300 à 400 ml

Environ 600 à 800 ml

Les bienfaits du colostrum pour le bébé

Si l’OMS recommande explicitement l’allaitement dès la naissance chez tous les nourrissons, c’est parce que le colostrum prodigue des bienfaits incomparables avec ceux des préparations infantiles commerciales.

Renforcement du système immunitaire et du tube digestif

Très riche en composants immunitaires, le colostrum aide bébé à bien grandir et à s’adapter à son nouvel environnement. Il contient par exemple une quantité importante d’immunoglobulines, en particulier d’IgA(6), dont l’action protège les muqueuses(7) des infections. L’immunoglobuline A se lie aux agents pathogènes, ce qui les empêche d’adhérer aux cellules de l’organisme de bébé. Leur capacité d’infection s’en trouve largement amoindrie. Le colostrum contient aussi des leucocytes, des globules blancs capables de combattre les bactéries et virus présents dans l’organisme.

Dans le colostrum se retrouvent d’autre part des facteurs de croissance. L’EGF, epidermal growth factor, contribue à la maturation du tube digestif(8) du nourrisson. Il permet de préparer l’intestin(9) du nouveau-né à la digestion du lait maternel et à l’absorption des nutriments.

Réduction du risque d’ictère chez le nouveau-né

Fréquente chez les nouveau-nés, en particulier chez les nourrissons allaités, la jaunisse néonatale est causée par un taux de bilirubine élevé. Ce sous-produit issu de la décomposition des globules rouges est imparfaitement éliminé par le foie, encore immature. L’accumulation de bilirubine dans le sang provoque un ictère, qui se caractérise par un teint jaune. Le risque pour le bébé est de contracter une intoxication à cause de l’excès de bilirubine sanguin, bien que ce phénomène soit plutôt rare(10) chez les nouveau-nés à terme et en bonne santé. 

Pour prévenir la jaunisse néonatale et améliorer son évolution positive, les études tendent à promouvoir l’allaitement(11) comme moyen d’alimentation pour le nourrisson. En plus des séances de photothérapie, la consommation de colostrum pourrait aider les bébés à éliminer davantage de bilirubine. En effet, le lait maternel étant digéré rapidement, il induit une évacuation des selles plus fréquente qu’avec la prise de lait en poudre. Cette évacuation aiderait à ramener les taux de bilirubine vers des niveaux inoffensifs.

D’autre part, l’initiation précoce de l’allaitement(12) est étroitement corrélée à un moindre risque de développer un ictère. Même si l’allaitement favorise la réabsorption intestinale de la bilirubine, donc la hausse de son taux dans le sang, les bienfaits de la consommation de colostrum dépassent largement les faibles risques de développer un ictère, lequel évolue majoritairement de façon favorable(13) chez les enfants nés à terme sans pathologie.

Des vitamines et des minéraux

Bien que la teneur en vitamines et en minéraux du lait maternel dépende de la qualité(14) de l’alimentation maternelle, les mères ayant une alimentation variée et équilibrée produisent généralement un colostrum riche en nutriments essentiels pour le développement du nourrisson.

Le colostrum contient notamment des vitamines A, B, D et E, ainsi que de nombreux minéraux essentiels comme le zinc, le cuivre, le fer et le sélénium. Les bébés allaités par des mères en bonne santé ont seulement besoin d’un complément en vitamine K(15) et éventuellement en vitamine D.

Riche en vitamines, en minéraux, en protéines et en facteurs de croissance,
le colostrum protège bébé et l’aide à s’adapter à son nouvel environnement.

Combien de temps la mère produit-elle du colostrum avant le passage au lait mature ?

La production de colostrum s’initie à la fin de la grossesse et se poursuit durant quelques jours après l’accouchement. Le colostrum est ensuite remplacé par du lait maternel dit de transition, qui consiste en un mélange entre le colostrum et le lait mature. Après deux semaines à un mois d’allaitement environ, le lait maternel affiche une concentration plus élevée en sucres et en graisses : la mère produit alors du lait mature, et ce jusqu’au sevrage.

Quelle est la différence entre le colostrum et le lait maternel ?

Le colostrum et le lait mature se différencient par trois aspects.

La composition

Riche en protéines, en nutriments et en anticorps, le colostrum contient peu de graisses et de sucres. Il apporte un volume conséquent de cellules immunitaires au nourrisson. Le lait maternel mature, produit progressivement après la première semaine de vie de bébé, contient davantage de graisses et de sucres, essentiels à la croissance de l’enfant. Ses proportions de protéines, de vitamines, de minéraux et d’anticorps sont plus faibles.

L’apparence

Si le colostrum est souvent décrit comme d’apparence épaisse et jaunâtre, le lait mature offre une teinte plus proche du blanc, avec des variations bleutées, crème ou jaunes possibles selon la teneur en colostrum résiduel. Le lait mature est aussi plus fluide, presque transparent en début de tétée.

La fonction

La fonction du colostrum est de protéger le nouveau-né contre les infections, et de stimuler son système digestif pour éliminer le méconium. Le lait mature, lui, fournit une nutrition complète à l’enfant qui favorise sa croissance harmonieuse et son développement psychomoteur. Le lait maternel, qu’il soit produit dès la naissance ou après la montée de lait, reste impliqué dans le soutien au système immunitaire encore fragile du nourrisson.

FAQ : les questions récurrentes au sujet du colostrum

Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet du colostrum.

Oui, le colostrum répond exactement aux besoins du bébé qui vient de naître. Consommé en petites quantités car l’estomac du nourrisson est de taille réduite, il reste très riche en vitamines, minéraux, anticorps et facteurs de croissance. C’est le meilleur aliment pour le nourrisson.

La production de colostrum est liée aux bouleversements hormonaux qui ont lieu pendant la grossesse. Un écoulement de lait en-dehors d’une grossesse peut survenir en cas de déséquilibre hormonal : il est alors impératif de consulter un professionnel de santé.

Le colostrum étant produit en infimes quantités, il peut être extrait à la main et recueilli au gobelet ou avec une seringue. L’utilisation d’un tire-lait est également possible, notamment si l’objectif est de stimuler la lactation par l’action de tirer du lait.

Certaines femmes produisent du colostrum dès le second trimestre de grossesse, d’autres n’en produisent qu’à la toute fin de la grossesse. Cela dépend des variations hormonales de chacune.

Le goût du lait maternel est influencé par les aliments consommés par la mère. Le colostrum a généralement un goût plus sucré que le lait mature, et sa texture est également plus onctueuse.

La couleur du colostrum varie du blanc opaque ou transparent au jaune orangé en passant par différentes nuances. Lorsque le colostrum contient du sang, du fait par exemple d’une crevasse au sein, il peut prendre une couleur marron. Il n’y a pas de risque pour le nourrisson à consommer du colostrum teinté, toutefois, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé si vous ressentez des douleurs intenses dans les seins ou que votre enfant a du mal à téter.

(1)Association Between Breast Milk Bacterial Communities and Establishment and Development of the Infant Gut Microbiome : Pia S Pannaraj, Fan Li, Chiara Cerini, Jeffrey M Bender, Shangxin Yang…, 2017.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28492938/

(2)Human Milk Composition: Nutrients and Bioactive Factors : Olivia Ballard, JD, PhD (candidate) and Ardythe L. Morrow, PhD, MSc, 2013. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3586783/

(3)Endocrinology of lactation : H A Tucker. 1979
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/230600/

(4)Physiology and endocrine changes underlying human lactogenesis II : M C Neville, J Morton, 2001.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11694636/

(5)Initiation of lactation in women after preterm delivery : Mark D Cregan, Thalles R De Mello, Daphne Kershaw, Kate McDougall, Peter E Hartmann, 2002.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12225305/

(6)Transfer of antibody via mother’s milk : Philippe Van de Perre, 2003.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12850343/

(7)Perspectives on Immunoglobulins in Colostrum and Milk : Walter L. Hurley and Peter K. Theil. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3257684/

(8)Host factors in amniotic fluid and breast milk that contribute to gut maturation : Carol L Wagner, Sarah N Taylor, Donna Johnson, 2008. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18330727/

(9)Trophic effect of multiple growth factors in amniotic fluid or human milk on cultured human fetal small intestinal cells : Chie Hirai, Hiroyuki Ichiba, Mika Saito, Haruo Shintaku, Tsunekazu Yamano, Satoshi Kusuda, 2002.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12050579/

(10)Evaluation and treatment of jaundice in the term newborn: a kinder, gentler approach : T B Newman, M J Maisels, 1992. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/1579380/

(11)Randomized trial of donor human milk versus preterm formula as substitutes for mothers’ own milk in the feeding of extremely premature infants : Richard J Schanler, Chantal Lau, Nancy M Hurst, Elliot O’Brian Smith 2005. 
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16061595/

(12)The Association of Breastfeeding Practices with Neonatal Jaundice : Sukwadee Ketsuwan, Nongyao Baiya, Ketsuda Maelhacharoenporn, Pawin Puapornpong, 2017. 
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29911780/

(13)Treatment of physiological and pathological neonatal jaundice : Stevie Boyd, 2004. 
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15080037/

(14)B Vitamins in Breast Milk: Relative Importance of Maternal Status and Intake, and Effects on Infant Status and Function : Lindsay H. Allen, 2012. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3649471/

(15)Do breastfed infants need supplemental vitamins? : F R Greer, 2001.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11339161/