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Le tire-allaitement : une autre façon de nourrir son bébé

L’allaitement maternel est source de multiples avantages, tant pour la mère que pour son enfant. Mais certaines circonstances de la vie, certaines préférences peuvent pousser la dyade à adopter un autre mode d’alimentation. Pour conjuguer les bienfaits du lait maternel et la praticité des biberons, le tire-allaitement apparaît comme une alternative intéressante, que ce soit dans l’optique de maintenir l’allaitement malgré des obstacles ou dans le but d’offrir à bébé le meilleur aliment qu’il soit sans avoir besoin d’allaiter.

Cette pratique encore peu connue mérite d’être popularisée, car elle pourrait éviter l’usage systématique de lait maternisé pour les couples mères/bébés qui ne peuvent ou ne souhaitent pas pratiquer l’allaitement traditionnel.

Sommaire

Qu’est-ce que le tire-allaitement ?

Sous le nom de tire-allaitement sont regroupées toutes les pratiques qui consistent à extraire le lait maternel et à le donner au bébé en dehors des tétées directes. Le tire-allaitement se pratique soit avec un tire-lait manuel ou électrique, soit avec d’autres techniques d’extraction comme l’extraction manuelle. Celle-ci a d’ailleurs montré son efficacité pour prélever du colostrum(1) durant les premiers jours du post-partum. Elle reste courante au sein de nombreuses cultures africaines.

En France, le tire-allaitement se pratique généralement avec un tire-lait, surtout lorsque les quantités de lait maternel produit augmentent considérablement après la montée de lait. Les mères de bébés prématurés peuvent combiner l’expression manuelle et les séances d’expression au tire-lait pour favoriser la lactation(2). Le lait recueilli est ensuite donné à l’enfant au biberon, à la seringue ou dans une tasse, en fonction de l’âge du bébé et des objectifs d’allaitement de la mère.

Ce qui différencie le tire-allaitement de l’allaitement classique, c’est l’absence de contact direct entre la bouche du bébé et le sein de la mère. Les avantages nutritionnels et immunologiques(3) du lait maternel n’en sont pas pour autant compromis. Pour cette raison, certaines mères qui ne peuvent ou ne veulent pas allaiter choisissent le tire-allaitement dans le but de fournir le meilleur aliment possible à leur bébé.

Le tire-allaitement offre tous les bénéfices du lait maternel à bébé,
même s’il ne parvient pas à téter ou que la mère ne souhaite pas donner le sein.

Pourquoi pratiquer le tire-allaitement ?

Outre les raisons de tirer son lait sans but de nourrir son enfant, il existe de nombreuses raisons de tirer son lait dans l’optique que bébé puisse le consommer plutôt que d’allaiter directement.

Tirer son lait pour le confort maternel

Parmi les femmes qui choisissent de tirer leur lait plutôt que de donner le sein à leur enfant, la pudeur et la gêne font partie des freins qui les enjoignent à ne pas allaiter directement. L’allaitement en public, par exemple, peut s’avérer délicat pour les mères pudiques. D’autres mères n’aiment tout simplement pas l’idée de la tétée, et préfèrent donner un biberon à leur enfant tout en lui apportant les nutriments et anticorps nécessaires présents dans le lait maternel. En effet, visualiser les quantités de lait données au nourrisson s’avère parfois plus rassurant que de donner le sein sans pouvoir identifier les volumes consommés.

D’autre part, il est possible que des situations de maltraitance ou de violences sexuelles survenues dans l’enfance de la mère lui rendent impossible le fait de mettre son enfant au sein sereinement. Dans ce cas, tire-allaiter est une solution idéale pour entretenir un lien fort avec bébé et lui assurer le meilleur aliment possible sans compromettre la santé psychologique de la mère.

Le fait de tirer du lait n’est pas nécessairement un acte régulier. Certaines mères qui allaitent leur bébé tirent du lait de temps en temps afin de se ménager des pauses, de passer le relais au père ou à un tiers le temps de prendre soin d’elles. Il est possible, en tirant du lait de temps en temps, de constituer un stock qui peut servir en cas d’absence maternelle imprévue, ou si la mère décide de prendre du temps pour elle en-dehors de la maison. Dans ce cas, il est important de bien respecter les durées maximales de conservation du lait maternel

Même si les crevasses d’allaitement peuvent être évitées dans une partie des cas par la prévention, la douleur ressentie lors de l’allaitement constitue une autre raison pour laquelle des mères choisissent de tirer le lait et de le donner au biberon. Le tire-lait exerce une succion différente et parfois moins douloureuse sur le mamelon. Cette solution peut convenir le temps que les crevasses cicatrisent, ou bien sur le long terme si la mère ne souhaite pas retourner vers un allaitement classique.

Enfin, les mères de jumeaux ou de triplés et plus qui tire-allaitent peuvent passer le relais plus facilement au père ou à un tiers, le temps de se ressourcer, de se reposer ou de changer d’air. L’allaitement est ainsi moins mobilisant pour la mère, même si le fait de devoir tirer son lait régulièrement reste contraignant.

Tirer son lait à cause de contraintes extérieures

20% des mères(4) qui ont arrêté l’allaitement après 6 semaines interrogées dans cette étude évoquent un retour au travail ou à l’école comme raison principale. Effectivement, la fin de l’allaitement coïncide souvent avec des contraintes extérieures, et le fait de tirer son lait permet de continuer à nourrir son bébé avec du lait maternel malgré ces contraintes. Les mères qui reprennent le travail peuvent même tirer du lait dans la journée et conserver la tétée du matin et/ou du soir si elles le souhaitent.

Pour se préparer à la reprise du travail et apprivoiser le tire-lait, certaines mères décident de pratiquer le tire-allaitement dès la sortie de la maternité ou quelques semaines plus tard. Bébé a ainsi le temps de s’habituer au biberon, et la mère peut trouver le modèle de tire-lait qui lui convient le mieux.

D’autres évènements plus dramatiques contraignent les mères à tirer leur lait plutôt que de donner le sein. Les bébés prématurés placés en couveuse, nourris par sonde ou par seringue peuvent bénéficier du don de lait de leur mère. Lorsque le nouveau-né ne peut pas téter, le tire-lait contribue à stimuler la montée de lait  et à lancer la production de lait mature.

Lors d’une hospitalisation, de la mère ou de l’enfant, le fait de tirer le lait permet également d’entretenir la lactation et de continuer à prodiguer les bénéfices du lait maternel au nourrisson. L’expression du lait peut aider à contrebalancer le fait que la production de lait soit souvent diminuée en cas d’hospitalisation(5) à cause du stress, du manque d’intimité et des changements d’hygiène de vie maternels.

À savoir : certains médicaments sont incompatibles avec l’allaitement. Si la mère doit prendre un tel traitement, elle peut tirer du lait en amont pour constituer une petite réserve qui servira à nourrir bébé le temps où elle ne peut pas allaiter.

Tirer son lait parce que bébé ne parvient pas à téter

Le nourrisson né à terme est normalement capable de téter dès ses premiers instants de vie. Mais différents facteurs conduisent parfois l’enfant à téter d’une façon non productive, donc pas assez efficace. Le risque est alors que le bébé ne prenne pas de poids ou en perde. Tirer du lait va constituer une solution transitoire en attendant que le nourrisson développe ses facultés.

C’est le cas par exemple d’une naissance prématurée : un bébé né trop tôt qui ne sait pas prendre le sein pourra être nourri à la seringue ou au gobelet avec le lait tiré par la mère. Les bienfaits de l’allaitement exclusif chez le bébé de faible poids ont été démontrés par cette étude(6), qui propose aussi des techniques pour nourrir les nourrissons qui sont dans l’incapacité de prendre le sein. 

Si l’accouchement a eu lieu par césarienne, la mère n’est pas non plus en capacité d’allaiter pendant les deux heures qui suivent la naissance (elle doit être recousue en salle d’opération). Le fait d’avoir tiré du lait ou d’en tirer à ce moment-là va alors permettre de fournir du colostrum au nourrisson, ce premier lait maternel très riche en nutriments et en anticorps bénéfiques pour le bébé. 

Certains nourrissons présentent un frein de langue qui, parfois, occasionne une tétée difficile. En attendant l’opération et/ou l’amélioration de la tétée, la mère tire du lait afin de nourrir son enfant au gobelet ou à la seringue. Les bébés hypotoniques présentent aussi un tonus faible qui rend la succion insuffisamment efficace : un complément est alors prévu grâce au lait tiré par la mère.

Un bébé en bonne santé et sans problématique peut-il avoir des soucis à prendre le sein ? Dans le cas où les mamelons de la mère sont ombiliqués ou plats (ce qui concerne environ 10% des femmes(7) avec le souhait d’allaiter), la prise du sein est effectivement plus difficile, surtout les premiers jours, mais pas impossible. Un accompagnement avec une conseillère en lactation ou une sage-femme est à envisager afin de rendre les tétées plus confortables. Lorsque le bébé parvient à prendre correctement tout le sein en bouche, les tétées deviennent ensuite parfaitement efficaces. En l’absence d’amélioration, toutefois, la mère peut choisir de tirer son lait si elle obtient de bons résultats de cette façon.

Il arrive aussi que bébé pratique ce que l’on nomme la grève de la tétée. Par inconfort, par dégoût, par crainte ou par désintérêt, l’enfant délaisse le sein et ne consomme plus assez de lait maternel. Les raisons qui expliquent une grève de la tétée sont multiples. Tirer son lait durant cette période généralement de courte durée aide la mère à conserver sa production, et peut même servir à nourrir l’enfant s’il accepte le gobelet ou le biberon.

Quel matériel utiliser pour le tire-allaitement ?

Le choix du matériel utilisé pour tirer le lait et le donner au bébé est propre à chaque dyade. Entre le tire-lait électrique, le tire-lait manuel, le recueil lait et les autres méthodes d’expression du lait, c’est à chaque mère de déterminer la solution qui lui correspond le mieux. 

En complément des appareils d’expression du lait maternel, les mères qui pratiquent le tire-allaitement ont également besoin de contenants pour conserver le lait et le donner à bébé. Il existe différentes gammes de tétines et de biberons dont certaines préservent au maximum la succion naturelle de bébé, d’autres préviennent les coliques et les reflux, d’autres encore favorisent le bon développement du palais...

Biberon d’allaitement

Collier d’allaitement

Coussinet d’allaitement

Coquille d'allaitement

Recueil lait

Quelles sont les difficultés rencontrées lors du tire-allaitement ?

Le tire-allaitement est une pratique exigeante, tant en termes d’investissement physique que mental. Voici les principales difficultés qui attendent les mères et les parents optant pour ce mode d’alimentation :

  • Gestion quotidienne du nettoyage du matériel d’expression du lait ;
  • Connaissance et respect des normes d’hygiène et de conservation du lait ;
  • Anticipation constante des besoins en lait pour ne pas manquer de réserves ;
  • Entretien de la lactation nécessaire par une expression régulière, sans manquer de séance ;
  • Organisation complexe lors de journées ou sorties à l’extérieur de chez soi pour tirer et conserver le lait maternel ;
  • Fatigue générée par la charge mentale supplémentaire ;
  • Temps important consacré aux séances de tirage de lait qui s’ajoute à celui du nettoyage ;
  • Probable manque de temps pour s’occuper de soi, du reste de la fratrie, de son couple ;
  • Besoin élevé de soutien de la part du partenaire ;
  • Adaptation nécessaire pour trouver le meilleur matériel et les meilleures conditions d’expression du lait ;
  • Risque d’allaiter moins longtemps(8) si l’expression exclusive du lait est pratiquée durant les premiers jours du post-partum.

Heureusement, il existe des solutions personnalisées pour chaque dyade, qui permettent aux mères de tire-allaiter sans le ressentir comme une contrainte permanente. Le temps alloué à l’expression du lait peut également être récupéré si le père ou un tiers se charge de nourrir le bébé au biberon ou au gobelet.

FAQ : les questions récurrentes au sujet du tire-allaitement

Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet du tire-allaitement.

Le tire-allaitement exclusif, ou TAE, consiste en la pratique du tire-allaitement comme unique façon d’alimenter le bébé. L’enfant ne prend jamais le sein et reçoit seulement le lait maternel, par le biais d’un biberon ou d’un gobelet, sans complément de lait infantile.

Chaque situation de tire-allaitement est unique. C’est à vous de décider du moment où vous souhaitez arrêter le tire-allaitement, soit pour reprendre l’allaitement classique, soit pour sevrer votre bébé, soit pour passer au lait maternisé. Il est recommandé de choisir une période calme dans la vie de l’enfant avant de procéder à tout changement majeur, et d’arrêter graduellement.

Oui, il est tout à fait possible de conjuguer allaitement et tire-allaitement. Cela vous permet d’entretenir votre production de lait maternel et de nourrir bébé à la demande, tout en gardant du temps pour vous. Certaines mères choisissent par exemple de tire-allaiter quand elles retournent au travail, d’autres font le choix de tire-allaiter pour les sorties et d’allaiter à la maison. À vous de trouver le rythme qui vous convient le mieux, ainsi qu’à votre bébé.

(1)Manual expression and electric breast pumping in the first 48 h after delivery : Makiko Ohyama, Harumi Watabe, Yumiko Hayasaka, 2010. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19519669/

(2)Combining hand techniques with electric pumping increases milk production in mothers of preterm infants : J Morton, J Y Hall, R J Wong, L Thairu, W E Benitz, W D Rhine, 2009.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19571815/

(3)Human milk composition: nutrients and bioactive factors : Olivia Ballard, Ardythe L Morrow, 2013.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23178060/

(4)Factors influencing the reasons why mothers stop breastfeeding : Catherine R L Brown, Linda Dodds, Alexandra Legge, Janet Bryanton, Sonia Semenic, 2014.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25165836/

(5)Impact de l’hospitalisation d’un nourrisson sur la poursuite de l’allaitement maternel : enquête mères/soignants : P. Thibault, 2010. https://www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2010-3-page-50.htm

(6)Optimal feeding of low-birth-weight infants : Karen Edmond, Rajiv Bahl, 2006. https://iris.who.int/bitstream/handle/10665/43602/9789241595094_eng.pdf?sequence=1

(7)Prevalence of inverted and non-protractile nipples in antenatal women who intend to breast-feed : J.M. Alexander, M.J. Campbell, 1997. https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0960977697901776

(8)Evaluation of the impact of breast milk expression in early postpartum period on breastfeeding duration: a prospective cohort study : Beiqi Jiang, Jing Hua, Yijing Wang, Yun Fu, Zhigang Zhuang & Liping Zhu, 2015.
https://bmcpregnancychildbirth.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12884-015-0698-6