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Café et allaitement : sont-ils compatibles ?

Pour survivre aux nuits sans repos et aux journées qui leur succèdent, bon nombre de jeunes parents comptent sur la caféine. Les mères qui allaitent se posent souvent la question de savoir si la consommation de café peut avoir un impact sur la santé et le comportement de bébé. C’est une préoccupation légitime et importante, qu’il convient d’étudier à la lueur des dernières recherches en la matière.

Sommaire

Associer café et allaitement, est-ce possible ?

Lorsque la mère allaitante consomme une unique tasse de café, l’exposition de l’enfant à la caféine est relativement limitée(1) et sans inconvénient majeur. En effet, la concentration de caféine retrouvée dans le lait maternel est toujours inférieure à celle ingérée par la mère(2), car la caféine se lie davantage aux protéines du sérum maternel qu’aux composants du lait. Plus précisément, les molécules issues de la caféine s’attachent aux corps gras du lait maternel et se diffusent peu dans le reste du lait. D’une façon très générale, l’allaitement est donc compatible avec la prise raisonnable de café.

Il faut savoir que les prématurés et les bébés qui viennent de naître disposent d’un métabolisme encore immature. Ils éliminent plus difficilement les substances qu’ils ingèrent, dont la caféine, et peuvent par conséquent se retrouver avec des concentrations sériques proches de celles de la mère allaitante si celle-ci boit régulièrement du café, à cause de l’accumulation des molécules dans leur organisme. En cas de doute, il est préférable de demander conseil au médecin référent en charge du bébé.

Quels sont les effets de la caféine pendant l’allaitement ?

Très étudiés, les effets de la caféine sur l’individu et plus précisément sur la mère allaitante et son enfant présentent certains aspects bénéfiques, et d’autres plus mesurés qu’il convient de comprendre pour mieux adapter sa consommation.

Pour le bébé

Une étude de 2004 menée sur des bébés allaités de 3 mois conclut que la consommation de caféine par la mère n’a pas d’effet significatif(3) sur la fréquence des épisodes de réveil nocturne. Les bébés se réveillant le plus souvent semblaient corrélés à des consommations de caféine plus élevées par la mère allaitante (supérieures à 300 mg par jour), mais la différence avec les autres dyades était trop faible pour être exploitable.

Cette autre étude(4) atteste qu’une consommation de 500 mg de caféine par jour n’a pas d’effet particulier sur le sommeil et le rythme cardiaque de l’enfant.

Bien que le propos soit discutable et pas assez documenté, il ressort de la recherche sur le sujet(5) que la consommation de chocolat et de café par la mère allaitante pourrait augmenter le risque de coliques et aggraver certains problèmes dermatologiques. Les mères qui constatent que leur enfant est plus agité, semble éprouver des douleurs inexpliquées et de l’inconfort gastrique lorsqu’elles consomment des boissons ou des aliments riches en caféine peuvent essayer de réduire la consommation desdits aliments afin de vérifier l’évolution positive des symptômes.

Pour la maman

L’un des effets connus de la caféine est son impact inhibiteur sur l’absorption du fer(6) consommé en même temps que le breuvage. Or, cet élément est très utile à l’organisme pour produire les globules rouges responsables du transport de l’oxygène. Lorsqu’il manque de fer, le corps se trouve en situation d’anémie, une affection qui peut causer une fatigue excessive. Chez la parturiente, l’accouchement ayant déjà provoqué une perte de sang, il est judicieux d’éviter toute substance pouvant aggraver le manque de globules rouges durant le post-partum.

La caféine est également réputée légèrement diurétique(7), c’est-à-dire qu’elle augmente le processus de production d’urine, avec un effet plus marqué chez les femmes. En éliminant davantage de liquide, le corps peut se retrouver déshydraté. De la même façon, les mères venant d’accoucher ont généralement perdu beaucoup d’eau à travers la sueur et les liquides corporels. Il est préférable qu’elles s’abstiennent de consommer du café le temps de se réhydrater.

D’un autre côté, la caféine fait partie des substances qui améliorent la concentration et l’attention. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est étudiée dans le cadre des traitements contre le TDAH(8) (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) avec des résultats prometteurs. Utilisée avec parcimonie, la caféine pourrait aider la mère à contrer les effets de la fatigue et à être plus attentive à son bébé lorsqu’elle éprouve des difficultés d’attention.

Côté physiologique

D’après une étude menée sur des populations du Costa Rica(9), les mères qui consomment au moins 450 ml de café quotidiennement pourraient fournir un lait moins riche en fer à leur bébé, ce qui est susceptible d’induire une carence en fer donc une anémie chez certains nourrissons.

Quelle quantité de café puis-je boire par jour lorsque j’allaite ?

Les recommandations officielles(10) en termes de caféine pour un usage sans danger sont les suivantes :

  • 400 mg par jour pour un adulte en bonne santé, et pas plus de 200 mg par prise ;
  • 200 mg par jour pour une femme enceinte ou qui allaite ;
  • 3 mg par kg de poids corporel pour les enfants et adolescents.

Il est à noter que ces quantités doivent être adaptées selon l’effet produit, certaines personnes étant plus sensibles que d’autres à la caféine. En cas de troubles de l’endormissement, de problèmes d’estomac ou d’hypertension, par exemple, les femmes qui allaitent ont tout intérêt à limiter leur consommation de café. D’autre part, les personnes ayant un métabolisme rapide éliminent plus vite la caféine de leur organisme, ce qui leur permet d’en consommer davantage sans effets secondaires néfastes.

Au-delà de la quantité de café consommée, le moment peut aussi avoir son importance. Après la prise d’un café ou d’une boisson caféinée, le passage de la caféine du sang au lait maternel est rapide(11). Pour éviter que bébé ne boive du lait contenant de la caféine, il est alors préférable de l’allaiter juste avant de prendre la boisson plutôt qu’après.

Les mères qui allaitent peuvent généralement boire 2 ou 3 tasses de café par jour sans aucun risque pour bébé.

D’autres boissons et aliments contiennent de la caféine

Au lieu de considérer le volume de café bu chaque jour, il serait plus juste d’additionner toutes les sources de caféine consommées afin d’établir un bilan quotidien exact. Voici les principaux aliments et les principales boissons qui contiennent des quantités remarquables de caféine.

Boissons

Quantité de caféine moyenne (en mg/L)

Le café filtre

753

L’expresso

600

Le thé vert

166

Le thé noir

313

Les boissons au cola

127

Les boissons énergisantes

318

Le maté

360

Le cacao (à l’eau ou au lait)

80

Aliments

Quantité de caféine moyenne (en mg/100g)

Le chocolat noir

43 à 124

Le chocolat au lait

20 à 45

Le guarana

5000

La noix de kola

2500

Attention, certains aliments transformés contiennent aussi de la caféine tels que les gâteaux au chocolat, les crèmes au café ou au chocolat, les chewing-gums, les barres chocolatées ou énergisantes, les aliments destinés aux sportifs, les compléments alimentaires, etc. 

Une vérification des ingrédients précis de la préparation permettra de mieux se rendre compte de la dose de caféine ingérée avec chaque aliment.

Quelles alternatives au café pendant l’allaitement ?

Il existe plusieurs alternatives qui procurent une sensation énergisante à la maman allaitante, et ne contiennent pas de caféine :

  • La chicorée, une plante naturelle dont le goût est assez proche de celui du café, qui est étudiée pour ses potentielles vertus régulatrices du glucose(12) chez les diabétiques ;
  • Le rooibos rouge, une infusion africaine sans caféine qui contient des antioxydants et offre une saveur légèrement sucrée ;
  • Le café d’orge, confectionné à partir d’orge torréfiée, populaire en Italie et riche en nombreux éléments (fer, calcium, magnésium, vitamines B, etc.) ;
  • Le yannoh, un mélange de chicorée et de céréales au goût plus doux ;  
  • Le café de caroube, anti-inflammatoire et antioxydante(13), qui régule la digestion et offre une saveur proche de celle du cacao ;
  • Le jus de grenade, de pamplemousse ou d’un autre fruit riche en vitamine C pour un effet boostant immédiat ;
  • Le lait d’or, consommé en Inde, anti-inflammatoire et délicieux pour celles qui aiment les saveurs épicées.

FAQ : les questions récurrentes au sujet du café et de l'allaitement

Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet du café et de l’allaitement.

Plusieurs études(14) se sont intéressées au passage de la caféine dans le lait maternel. Il en ressort que la caféine peut effectivement se retrouver dans le lait maternel, notamment lorsque la mère consomme des quantités importantes de café ou de breuvages caféinés (thé, boissons énergisantes, chocolat, etc.). Lors d’une consommation modérée de café, les études tendent à montrer que la caféine est indétectable ou présente en quantité très faible dans le lait maternel.

Si vous constatez des changements de comportement chez votre bébé lorsque vous consommez du café (agitation, yeux écarquillés, tremblements, convulsions, difficultés à dormir), vous pouvez essayer d’arrêter provisoirement toute consommation de caféine, ou abaisser votre consommation, afin de vérifier le lien de cause à effet. Si bébé prend du poids normalement, dort bien et ne semble pas affecté par la caféine, il n’est pas nécessaire de renoncer au café durant l’allaitement.

Les quelques cas répertoriés dans la littérature scientifique qui attestent d’un danger pour le nourrisson en cas de consommation maternelle de caféine correspondent à des consommations quotidiennes très conséquentes. De façon générale, il ne semble pas y avoir de risque pour la santé de votre enfant si vous buvez beaucoup de café car la caféine présente dans le lait maternel est jugée sans danger et non addictive(15) pour le nourrisson.

Effectivement, certains bébés dont le système digestif est très sensible tolèrent mal la caféine. Si votre enfant est agité, irritable sans raison évidente, et que vous consommez régulièrement du café ou du chocolat, vous pouvez essayer de limiter vos prises afin de voir si le comportement de bébé s’améliore.

Plus de 95% de la caféine présente dans le café est retirée pour donner du café décaféiné. Cette boisson limite donc la possible intolérance à la caféine du nourrisson. Mais le décaféiné est tout aussi acide que le café classique. À ce titre, il freine aussi l’absorption du fer. Si vous êtes à risque d’anémie, il vaudrait mieux éviter de consommer du café, qu’il soit décaféiné ou non.

La méthode consistant à tirer et jeter son lait maternel pour en éliminer la caféine n’a pas fait ses preuves. La caféine reste présente dans l’organisme de la mère jusqu’à ce qu’elle ait été métabolisée, soit parfois jusqu’à 48 heures après la consommation de café. Le fait de tirer du lait ne change rien à la rapidité de son élimination.

Pour favoriser la disparition de la caféine, pensez à boire de l’eau afin de drainer les molécules hors de votre corps. Cela limitera aussi les possibles pertes hydriques dues à la caféine. On conseille généralement de boire un verre d’eau pour chaque tasse de café consommée. À l’inverse, il est préférable d’éviter de manger des aliments riches en fibres, qui vont ralentir le processus d’élimination de la caféine.

(1) Disposition of dietary caffeine in milk, saliva, and plasma of lactating women : C M Berlin Jr, H M Denson, C H Daniel, R M Ward, 1984. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6691042/

(2) Caffeine secretion into breast milk : E E Tyrala, W E Dodson, 1979.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/507903/

(3) Maternal caffeine consumption and infant nighttime waking: prospective cohort study : Iná S Santos, Alicia Matijasevich, Marlos R Domingues, 2012.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22473365/

(4) Effect of maternal caffeine consumption on heart rate and sleep time of breast-fed infants : J E Ryu, 1985.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/4075934/

(5) Effects of maternal caffeine consumption on the breastfed child: a systematic review : Aimee McCreedy, Sumedha Bird, Lucy J Brown, James Shaw-Stewart, Yen-Fu Chen, 2018.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30294771/

(6) Inhibition of food iron absorption by coffee : T A Morck, S R Lynch, J D Cook, 1983.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/6402915/

(7) Caffeine and diuresis during rest and exercise: A meta-analysis : Yang Zhang, Aitor Coca, Douglas J Casa, Jose Antonio, James M Green, Phillip A Bishop, 2015.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25154702/

(8) Effects of Caffeine Consumption on Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD) Treatment: A Systematic Review of Animal Studies : Javier C. Vázquez, Ona Martin de la Torre, Júdit López Palomé, Diego Redolar-Ripoll, 2022.
https://www.mdpi.com/2072-6643/14/4/739

(9) Coffee consumption as a factor in iron deficiency anemia among pregnant women and their infants in Costa Rica : L M Muñoz, B Lönnerdal, C L Keen, K G Dewey, 1988.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3414579/

(10) La caféine : L’évaluation des risques de la caféine : Autorité européenne de sécurité des aliments, 2015.
https://www.efsa.europa.eu/sites/default/files/corporate_publications/files/efsaexplainscaffeine150527fr.pdf

(11) Pharmacokinetics of caffeine in breast milk and plasma after single oral administration of caffeine to lactating mothers : S Stavchansky, A Combs, R Sagraves, M Delgado, A Joshi, 1988.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3395670/

(12) Chicoric acid, a new compound able to enhance insulin release and glucose uptake : Didier Tousch, Anne-Dominique Lajoix, Eric Hosy, Jacqueline Azay-Milhau, Karine Ferrare, Céline Jahannault, Gérard Cros, Pierre Petit, 2008.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18834859/

(13) Lipid-Lowering Effects of Carob Extracts (Ceratonia siliqua): Proposed Mechanisms and Clinical Importance : Marko Nemet, Milica Vasilić, Ana Tomas, 2022.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9277349/

(14) Caffeine : National Institute of Child Health and Human Development, 2006, (Last revision 2023).
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK501467/

(15) Drugs in breast milk : L Rivera-calimlim, 1977.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/12336945/