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Candidose mammaire : définition, symptômes, causes et traitement

Responsable de douleurs aiguës aux seins, la candidose mammaire se transmet aussi au nourrisson sous la forme de muguet. Bien qu’elle ne soit pas considérée comme une infection grave, la candidose perturbe l’allaitement et peut même conduire à un sevrage précoce si les douleurs sont trop importantes ou que bébé ne parvient plus à téter correctement.

Pour traiter les symptômes de la candidose, il convient de s’adresser à un professionnel de santé. Les antifongiques donnent généralement de bons résultats, et peuvent être combinés avec des solutions naturelles locales. Des causes de l’infection au traitement le plus efficace, voici un tour d’horizon de la candidose mammaire et de ce qu’il faut en savoir.

Sommaire

C’est quoi la candidose mammaire ?

La candidose mammaire est l’infection provoquée par une levure qui touche les mamelons et les seins de certaines femmes allaitantes. On attribue généralement à Candida albicans la responsabilité de la candidose, bien que cette levure ne soit pas toujours retrouvée(1) dans le lait des mères qui montrent des symptômes de candidose. La candidose est diagnostiquée en fonction des symptômes de la mère ou de l’enfant, et non selon les résultats biologiques.

L’humidité et la chaleur favorisent le développement des candidoses, or, lors de l’allaitement, la poitrine est une zone qui se retrouve souvent sujette à ces conditions. C’est pour cette raison que la candidose mammaire est particulièrement présente chez les femmes qui donnent le sein à leur enfant.

Il faut savoir que le terme de candidose mammaire reste réfuté(2) par une partie de la communauté scientifique, qui s’interroge sur le rôle réel des levures dans le développement de l’infection des seins. Le diagnostic oscille parfois entre la candidose et la mastite, qui résulte quant à elle d’une infection bactérienne des tissus mammaires.

Les symptômes habituels d’une candidose mammaire

Le premier symptôme d’une candidose mammaire est souvent la douleur, ressentie comme une brûlure ou une piqûre au niveau du téton et du mamelon.

Certains autres signes peuvent orienter le diagnostic vers la candidose, sans être forcément tous présents :

– la douleur est ressentie même entre les tétées et irradie dans le sein ;

– la douleur s’amplifie à la fin des tétées alors qu’elle régresse souvent en cas de crevasses ;

– bébé présente du muguet buccal (des petites taches blanches sur le palais et la langue) ;

– bébé souffre d’érythème fessier ;

– le ou les mamelons concernés prennent une couleur rosée et un aspect luisant ;

– la zone entourant les mamelons est rouge, sensible, enflée ;

– la peau de l’aréole et du téton présente un aspect sec, écaillé ;

– la mère souffre de démangeaisons (prurit) aux seins.

Quelles peuvent être les causes d’une candidose mammaire ?

Une étude réalisée sur une cohorte de 150 femmes a montré que celles qui présentaient des douleurs aux seins étaient plus susceptibles de produire un lait contenant des traces de Candida Albicans. 19% des mères concernées par la douleur(3) étaient porteuses de la bactérie, contre seulement 3% des mères qui ne ressentaient pas de douleur lors de l’allaitement. Il est donc possible que la candidose mammaire survienne en cas de prolifération anormalement élevée de Candida Albicans dans le lait, sur le sein et/ou dans la bouche de l’enfant.

Candida albicans, une levure naturellement présente dans l’organisme

Abritée dans le microbiote intestinal avec tout un ensemble de micro-organismes, Candida albicans est un hôte essentiel à l’élimination des déchets. Il s’occupe de détruire les micro-organismes qui n’ont plus d’utilité à ce stade de la digestion. Il s’agit de l’espèce la plus présente dans l’intestin, aux côtés d’autres levures comme Candida Glabrata et Candida Tropicalis. Mais, lorsque le microbiote se dérègle, la levure se développe de façon anormalement prolifique. Le système immunitaire se montrant moins performant, il peine à réguler la multiplication des levures, qui vont alors envahir l’organisme.

Les facteurs qui peuvent induire une prolifération anormale de Candida albicans

Les facteurs maternels susceptibles de déséquilibrer le microbiote intestinal et favoriser la survenue d’un épisode infectieux sont nombreux, tels que : – la consommation de produits sucrés ou riches en lactose, qui favorisent l’inflammation intestinale ; – la baisse physiologique de l’immunité induite par la fin de la grossesse ; l’alimentation déséquilibrée, carencée en vitamines qui soutiennent le système immunitaire, et pauvre en fibres ; – la prise d’un contraceptif oral qui augmente le niveau d’oestrogène ; – la fatigue, souvent liée à une baisse de l’immunité et à une alimentation moins qualitative ; – les antécédents de candidose vaginale ; – la présence d’implants mammaires, plus sujets aux infections que les tissus originels ; – la prise d’antibiotiques pendant la grossesse ou l’allaitement, qui dérègle le microbiote ; – la pollution extérieure ou liée à l’usage de produits d’hygiène et de ménage contenant des polluants chimiques ; – le dérèglement du microbiote à la suite d’un choc émotionnel, d’une activité physique intense ou d’une maladie. La position de l’enfant au sein pourrait également intervenir sur le risque de développer une candidose. Lorsque la succion n’est pas efficace et produit des lésions au niveau du mamelon, les levures disposent d’un environnement approprié pour se développer et engendrer l’infection.  La position de l’enfant au sein pourrait également intervenir sur le risque de développer une candidose. Lorsque la succion n’est pas efficace et produit des lésions au niveau du mamelon, les levures disposent d’un environnement approprié pour se développer et engendrer l’infection.

Poursuivre l’allaitement avec une candidose mammaire, c’est possible ?

Bien que l’allaitement lors d’une candidose occasionne des douleurs, il est tout à fait possible pour la mère de continuer à nourrir son bébé au sein, dans la mesure où l’enfant et la mère sont traités en même temps. Certaines mères préfèrent tirer du lait avec un tire-lait et le donner à l’enfant au biberon ou au gobelet : c’est à chacune de choisir la solution la plus confortable pour elle.

Il faut noter qu’un changement de position lors de l’allaitement est susceptible de réduire la douleur. La mère peut se faire aider d’une conseillère en lactation pour trouver une posture confortable et efficace, qui évite à bébé de tirer sur le téton.

Candidose mammaire pendant la grossesse : y a-t-il un risque pour le fœtus ?

Il est plutôt rare de connaître une candidose mammaire en cours de grossesse. Si cela se produit malgré tout, il n’y a normalement pas de risque pour le fœtus. La candidose n’est pas considérée comme une infection grave ou à risque pour le bébé en devenir. En revanche, le traitement doit être adapté pour ne pas nuire au fœtus.

Quel professionnel de santé aller voir ? Quand faut-il consulter ?

Très inconfortables, les symptômes de la candidose peuvent s’aggraver rapidement. Il est donc préférable de consulter un professionnel au plus vite dès la présence de douleurs aux seins, de rougeurs, de traces blanches dans la bouche de bébé qui ne partent pas (à ne pas confondre avec des restes de lait qui s’enlèvent au doigt ou au coton-tige) ou de démangeaisons au niveau du mamelon.

La sage-femme et le gynécologue sont les professionnels les plus enclins à repérer et traiter une candidose. Mais un médecin généraliste, un pédiatre ou une conseillère en lactation peuvent aussi identifier l’infection. Dans tous les cas, s’il y a besoin d’un traitement, c’est le médecin (spécialiste ou généraliste) ou la sage-femme qui établira l’ordonnance.

Quel traitement pour une candidose mammaire ?

En fonction de la gravité des symptômes et de l’emplacement exact de l’infection sur le sein, le traitement proposé par le médecin sera différent. 

Les antifongiques topiques sont des crèmes à appliquer sur la zone mammaire pour traiter l’infection. Parmi ces médicaments, les plus connus sont la miconazole et la clotrimazole. Il est important de bien nettoyer le sein avant de redonner la tétée au bébé pour qu’il n’ingère pas la pommade. 

Si la candidose ne guérit pas, le médecin peut prescrire un antifongique oral tel que le fluconazole, à l’action généralisée. Les mesures d’hygiène font également partie du traitement et contribuent à éviter les récidives : lavage des mains régulier, changement fréquent des coussinets d’allaitement, stérilisation de tous les accessoires utilisés dans le cadre de l’allaitement.

La solution de violet de gentiane, disponible sans ordonnance en pharmacie, est parfois utilisée afin de limiter la prolifération de la levure. Il n’est cependant pas recommandé(4) de l’utiliser en auto-prescription, car le bébé peut en ingérer une certaine quantité.

Le traitement de la candidose buccale du nourrisson

Pour que le traitement de la candidose mammaire soit efficace, il doit être associé au traitement du bébé. Le médecin prescrit souvent de la nystatine en première intention(5), par voie orale. Cette suspension liquide s’administre par compte-gouttes ou par seringue à l’enfant. Si l’infection s’est déjà propagée dans la bouche du bébé sous la forme de muguet, le médecin peut aussi conseiller un gel antifongique local comme le miconazole. La stérilisation des jouets, tétines, biberons et autres accessoires en contact avec la bouche du tout-petit complète le traitement contre la candidose buccale.

De l’intérêt de bien évaluer les symptômes pour traiter les douleurs mammaires

Le médecin va prescrire un traitement différent pour la mère et pour le bébé, de façon à éviter les récidives et parce que la candidose mammaire n’est pas tout à fait similaire à la candidose buccale.

La communauté scientifique met toutefois en garde(6) sur le risque de traiter trop rapidement et trop systématiquement les mères avec des antifongiques en cas de douleurs aux seins. D’autres méthodes sont recommandées avant de se tourner vers les médicaments, comme la correction de la posture d’allaitement ou le changement régulier des coussinets d’allaitement.

Si bébé est également touché par l’infection, il est primordial que la mère et l’enfant soient traités en même temps.

Peut-on soulager naturellement une candidose mammaire ?

Bien qu’elles ne remplacent pas le traitement éventuellement prescrit par le médecin, certaines méthodes naturelles aident les mères à mieux supporter la douleur de la candidose et à guérir plus rapidement.

Voici les techniques les plus courantes :

– appliquer des compresses de vinaigre de pomme (une cuillère à soupe diluée dans une tasse d’eau tiède) sur les seins en changeant deux fois par jour les compresses ;

– étaler une pâte constituée d’ail écrasé, un antifongique naturel, sur les seins pendant 20 minutes et rincer à l’eau tiède, en répétant une fois par jour pendant une semaine ;

– utiliser des sachets de thé vert trempés dans de l’eau tiède en application locale, pour faire le plein d’antioxydants ;

– appliquer de l’huile de noix de coco vierge sur les seins deux fois par jour, pour ses propriétés antifongiques et antibactériennes.

Attention, il faut bien nettoyer et sécher les seins avant de redonner la tétée à bébé. Tous les accessoires qui ont été en contact avec le sein doivent être jetés ou désinfectés.

Comment éviter qu’une candidose mammaire ne revienne ?

Pour éviter de développer à nouveau une infection, il est essentiel de garder les seins au sec en changeant très souvent les coussinets d’allaitement et en tamponnant doucement le mamelon avec un tissu propre juste après la tétée.

Pour éviter de propager des microbes, la mère qui allaite devrait se laver les mains avant et après la tétée. Elle peut aussi favoriser le port de vêtements amples, car les habits trop serrés créent un environnement chaud et humide, idéal pour la prolifération des levures. Enfin, la désinfection de tous les jouets et accessoires en contact avec la bouche de l’enfant ou le sein de la mère contribue à éviter le retour de la candidose mammaire.

Prévenir la candidose par l’alimentation

La qualité de l’alimentation joue un rôle particulièrement important dans la prévention et le traitement de la candidose mammaire. En effet, c’est lorsque le microbiote intestinal est déséquilibré que Candida albicans prolifère en excès. Pour assurer la présence de bonnes bactéries dans l’intestin, le régime anti-candida recommande d‘exclure totalement les sucres raffinés, les gâteaux, les féculents blancs (riz, pâtes, pain), les farines blanches, les produits laitiers riches en lactose et les autres sources de sucre comme les fruits, le miel, les jus et les compotes. Le gluten pouvant induire une perméabilité intestinale(7), même chez les personnes qui le digèrent bien, il devrait être évité.

À l’inverse, la mère peut introduire des aliments complets, des légumes variés et des légumineuses dans son régime. Pour réduire l’inflammation, il est aussi recommandé de supprimer les protéines animales au repas du soir.

D’autre part, la prise de probiotiques et de complexes vitaminiques enrichis en oligo-éléments soutient le rétablissement de la flore intestinale et restaure le système immunitaire. Un pharmacien ou un médecin pourra conseiller la mère en proie à la candidose mammaire sur les compléments les plus intéressants à ajouter à son alimentation.

FAQ : les questions récurrentes au sujet de la candidose mammaire

Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet de la candidose mammaire.

Oui, si bébé n’est pas traité en même temps que la mère, par exemple, l’infection se renouvelle et chacun réinfecte l’autre à son tour. Il est donc important de bien suivre le traitement pendant les deux semaines indiquées, voire plus, et d’assurer une bonne hygiène des seins et de la bouche de l’enfant. La candidose peut aussi revenir plus tard, si le terrain est favorable à son développement.

Les nourrissons allaités contractent souvent une infection buccale lorsque la mère est touchée par une candidose mammaire. Les signes qui doivent alerter sont la présence de muguet dans la bouche (des taches blanches qui ne s’enlèvent pas), un érythème fessier, un inconfort pendant l’allaitement, des difficultés à téter sans raison apparente.

Les avis sur la question sont partagés. Certaines recommandations conseillent de ne pas congeler de lait tiré pendant un épisode de candidose mammaire, afin d’éviter tout risque de contamination croisée avec les autres membres de la famille lors de la conservation au frigo. Pour les mères qui connaissent des candidoses à répétition, il est sans doute préférable d’éviter de conserver du lait tiré pendant un épisode de candidose.

Toutefois, les études menées à ce sujet n’ont pas établi de risque pour l’enfant(8) de consommer du lait qui a été tiré et conservé malgré la candidose. Le Candida albicans étant naturellement présent dans l’organisme, il n’induit pas forcément une recontamination s’il est consommé après la guérison de la candidose.

Si vous avez un doute, vous pouvez toujours faire bouillir le lait afin d‘éliminer la levure. Cela affectera également les qualités du lait maternel, mais sans aucun risque pour bébé ou pour vous-même.

Dans tous les cas, si vous tirez du lait pendant un épisode de candidose mammaire, nettoyez et stérilisez soigneusement les accessoires utilisés (tire-lait, tétine, biberon, etc.).

Ce sont principalement les aliments contenant du sucre qui doivent être éliminés, comme le chocolat, le miel, le sucre blanc, les gâteaux industriels, les bonbons, le pain blanc, les pâtes, ainsi que l’alcool qui contient une part importante de sucres, et le café qui peut agresser les muqueuses intestinales.

Non, la candidose mammaire n’est pas une infection grave. Elle peut cependant s’avérer très difficile à vivre, notamment par son impact sur le plaisir et la qualité de l’allaitement. D’autre part, des candidoses à répétition doivent alerter : elles peuvent être le signe d’une baisse immunitaire liée à une autre maladie.

C’est plutôt la fatigue qui va induire le développement d’une candidose. Le suivi d’un traitement, la douleur générée par l’infection, le stress occasionné par l’allaitement difficile peuvent néanmoins avoir un véritable impact sur le sommeil de la mère, et induire une fatigue supplémentaire.

Lorsqu’elle est traitée correctement, la candidose se termine en quelques jours. Il faut bien suivre le traitement jusqu’au bout, même en l’absence de symptômes. Chez certaines mères, le premier traitement échoue et il faut plusieurs tentatives pour venir à bout de la candidose. La durée de l’infection s’étale alors sur plusieurs semaines, d’où l’importance d’agir rapidement dès les premiers signes de la maladie.

(1) The absence of Candida albicans in milk samples of women with clinical symptoms of ductal candidiasis : Thomas W Hale, Tiffany L Bateman, Malcolm A Finkelman, Pamela D Berens, 2009.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/19500049/

(2) Mammary candidiasis: A medical condition without scientific evidence? : Esther Jiménez, Rebeca Arroyo, Nivia Cárdenas, María Marín, Pilar Serrano, Leonides Fernández, Juan M Rodríguez, 2017.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28704470/

(3) Candida albicans: is it associated with nipple pain in lactating women? : L H Amir, S M Garland, L Dennerstein, S J Farish, 1996.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/8821881/

(4) Candidose mammaire et allaitement : éviter le violet de gentiane : Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de Santé, 2022.
https://ansm.sante.fr/actualites/candidose-mammaire-et-allaitement-eviter-le-violet-de-gentiane

(5) Thrush in the breastfeeding dyad: results of a survey on diagnosis and treatment : N B Brent, 2001.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11583049/

(6) Overdiagnosis and overtreatment of nipple and breast candidiasis: A review of the relationship between diagnoses of mammary candidiasis and Candida albicans in breastfeeding women : Pamela Douglas, 2021.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34269140/

(7) Effect of Gliadin on Permeability of Intestinal Biopsy Explants from Celiac Disease Patients and Patients with Non-Celiac Gluten Sensitivity : Justin Hollon, Elaine Leonard Puppa, Bruce Greenwald, Eric Goldberg, Anthony Guerrerio and Alessio Fasano, 2015.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4377866/

(8) ABM Clinical Protocol #8: Human Milk Storage Information for Home Use for Full-Term Infants : Anne Eglash, Liliana Simon and The Academy of Breastfeeding Medicine, 2017.
https://abm.memberclicks.net/assets/DOCUMENTS/PROTOCOLS/8-human-milk-storage-protocol-english.pdf