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Vasospasme du mamelon

Caractérisé par une contraction soudaine et anormale des vaisseaux sanguins du mamelon, le vasospasme occasionne une douleur intense susceptible d’entraver le bon déroulement de l’allaitement. Il est important d’en connaître les déclencheurs, les causes et les symptômes afin d’adopter des pratiques qui limitent son apparition. Le vasospasme s’améliore en effet souvent avec l’adaptation de la posture d’allaitement, l’application de chaleur et, si nécessaire, la prise d’un traitement médicamenteux.

Sommaire

Le vasospasme du mamelon, c’est quoi ?

Ce phénomène qui touche parfois les mères allaitantes se manifeste par la constriction des vaisseaux sanguins qui irriguent le mamelon. Le mamelon s’avère très sensible aux variations de température et aux stimulations physiques car il est riche en vaisseaux sanguins et en terminaisons nerveuses. Normalement, la circulation sanguine qui se produit avec régularité dans les vaisseaux assure un apport constant d’oxygène et de nutriments dans les tissus mammaires.

En cas de vasospasme, les vaisseaux sanguins se contractent ou se resserrent sous l’effet d’une réaction du système nerveux autonome. Celui-ci régule les fonctions corporelles involontaires telles que la digestion ou la circulation sanguine. Lorsqu’il comprime les vaisseaux irriguant le mamelon, l’apport sanguin se trouve limité de façon provisoire. Ce phénomène peut occasionner des douleurs et des changements corporels.

Dans cette étude menée sur 360 mères primipares(1) en Australie, la prévalence du vasospasme est de 23% durant les 8 semaines suivant la sortie de la maternité. Malgré ce nombre élevé, 94% des femmes allaitaient toujours à l’issue de l’étude : le vasospasme n’est donc pas une fatalité et n’empêche pas forcément la poursuite de l’allaitement lorsque celle-ci est souhaitée.

Comment reconnaître un vasospasme du mamelon ?

Les symptômes qui caractérisent le mieux le vasospasme du mamelon sont la douleur et le changement de couleur de la peau.

La douleur connue par les mères qui allaitent et subissent un vasospasme ressemble à une brûlure ou à un pincement qui irradie dans le sein. Elle survient durant la tétée, après la tétée ou en dehors des tétées dans certains cas. Sa durée peut atteindre de quelques secondes à quelques heures. L’exposition au froid amplifie généralement la douleur.

Le changement de couleur du mamelon est surtout observé chez les mères qui souffrent du syndrome de Raynaud, une affection de la circulation. Celle-ci est caractérisée par une triade de couleur très typique :

  • La peau est d’abord blanche, à cause de l’ischémie, c’est-à-dire l’arrêt de l’apport sanguin ;
  • La peau prend ensuite une couleur cyanosée, bleue ou violette, à cause du manque d’oxygène ;
  • Lors du rétablissement de la circulation, l’hyperémie produit une coloration rouge de la peau bien marquée.

Il n’existe pas de test spécifique pour le vasospasme. Le diagnostic médical est posé d’après les observations cliniques et en fonction de l’histoire et des symptômes maternels. D’autres causes de la douleur doivent être exclues comme les crevasses, les mastites ou les infections fongiques.

Les principales causes du vasospasme du mamelon

Les causes du vasospasme durant l’allaitement peuvent être définies selon quatre catégories distinctes. Souvent, c’est une combinaison multifactorielle qui explique l’apparition du vasospasme chez la mère allaitante.

La mauvaise prise du sein

Lorsque l’enfant prend mal le sein pendant la tétée, il risque de créer un traumatisme au niveau du mamelon, susceptible d’entraîner un vasospasme. Les raisons d’une prise inadaptée du sein peuvent être :

  • Une position d’allaitement incorrecte qui empêche le bébé de bien prendre le mamelon en bouche ;
  • Une succion du sein inefficace, par exemple par manque de tonicité de l’enfant ou si la mère présente des mamelons rétractés difficiles à saisir ;
  • Un problème anatomique du côté du nourrisson tel qu’un frein de langue trop serré.

L’exposition prolongée au froid

Le froid est connu pour provoquer la constriction des vaisseaux sanguins en général, et plus particulièrement de ceux irriguant le mamelon. Si la mère allaite dans des conditions où les mamelons sont exposés au froid, par exemple en extérieur ou dans une chambre peu chauffée, elle présente plus de risque de connaître un vasospasme. 

C’est d’autant plus véridique que les femmes qui allaitent se montrent souvent plus frileuses du fait de la dépense énergétique importante occasionnée par la production de lait (autour de 670 kcal supplémentaires par jour(2) pour un allaitement exclusif).

Les troubles de la circulation sanguine

Les troubles circulatoires participent à développer le risque de vasospasme du mamelon, en particulier le syndrome de Raynaud. Celui-ci touche majoritairement les femmes, et provoque une constriction excessive des vaisseaux sanguins lors de situations de froid ou de stress. Il constitue un facteur de risque important de connaitre un vasospasme lors de l’allaitement.

Le stress et la fatigue

Le post-partum est une période qui mêle souvent deux composantes affectant la réactivité de la circulation sanguine, le stress et la fatigue. Une mère particulièrement fatiguée et angoissée aura plus de risque de développer un vasospasme du mamelon.

Comment traiter un vasospasme ?

En première intention, les mères concernées par le vasospasme lors de l’allaitement disposent de moyens naturels de remédier à la douleur et à l’inconfort. Si cela n’est pas suffisant, ou que le vasospasme entraîne des conséquences néfastes pour la mère et le bébé, un traitement médicamenteux est envisageable.

Remède naturel

Parmi les remèdes naturels qui s’avèrent efficaces pour soulager un vasospasme, le plus couramment utilisé et conseillé par les professionnels de santé spécialisés dans l’accompagnement de l’allaitement est l’application de chaleur.

La chaleur permet de détendre les vaisseaux sanguins comprimés dans le mamelon et de rétablir la circulation. Pour profiter de ses bienfaits, la mère doit appliquer une bouillotte, un gant de toilette chaud ou une autre source de chaleur sur le mamelon juste après la tétée ou au moment des douleurs, en prenant les précautions nécessaires pour ne pas se brûler.

Au cas par cas, d’autres indications semblent produire un effet positif sur le vasospasme, dont :

  • La phytothérapie ;
  • La prise de calcium, de magnésium, de vitamine B6 ou d’huile de poisson en supplémentation ;
  • Le maintien d’une activité physique régulière, recommandée dans le cadre d’un syndrome de Raynaud pour stimuler la circulation sanguine(3).

Traitement médicamenteux

Proposée sous forme de 2 à 3 cures, la nifédipine est le médicament vasodilatateur préconisé pour soulager un vasospasme du mamelon lors de l’allaitement. Cet inhibiteur calcique est compatible avec l’allaitement et doit être pris pendant deux semaines. Il s’avère souvent efficace.

Contre la douleur, le médecin conseille parfois un anti-inflammatoire non stéroïdien tel que l’ibuprofène.

Attention, les AINS (anti-inflammatoire non stéroïdien) sont à éviter en cas de sensibilité gastrique, d’antécédent d’ulcère de l’estomac ou de maladie inflammatoire digestive.

Comment éviter le vasospasme des mamelons ?

L’ajustement de la posture au sein permet d’éviter une mauvaise sollicitation du mamelon. Si la mère a du mal à trouver une position adaptée, elle peut consulter une sage-femme ou une conseillère en lactation qui l’aidera à repérer les signaux de bonne succion de son bébé et à adopter des positions d’allaitement correctes.

Alors qu’elle augmente la dilatation des vaisseaux dans les muscles squelettiques, la nicotine présente un effet vasoconstricteur(4) sur les vaisseaux sanguins qui irriguent la peau. Elle aggrave donc potentiellement le syndrome de Raynaud et le vasospasme. Il est de toute façon préférable d’éviter toute consommation de cigarette lors de l’allaitement.

Il est également recommandé de donner la tétée dans un endroit chauffé et de bien se couvrir afin de limiter la constriction vasculaire et la sensation de froid. Les coquilles d’allaitement peuvent aider à maintenir les mamelons au chaud. Il existe aussi des paréos ou des foulards qui isolent le sein du froid lors d’une tétée en extérieur ou dans un environnement peu chauffé.

La chaleur est le meilleur allié des mères allaitantes qui souffrent de vasospasme.

Quelle est la différence entre un vasospasme et une candidose mammaire ?

Ces deux affections distinctes touchent les femmes qui allaitent, mais elles se caractérisent par des symptômes et des causes spécifiques.

Le vasospasme est principalement déclenché par le froid ou par la compression du mamelon par l’enfant, par exemple en cas de mauvais positionnement ou de succion inefficace. La douleur se ressent principalement en fin de tétée et ressemble à une brûlure ou à un picotement désagréable. Le vasospasme s’accompagne souvent d’une variation de couleur du mamelon, qui passe du blanc au bleu avant de devenir rouge.

La candidose mammaire, elle, est une infection causée par un champignon Candida, présent naturellement dans notre organisme. Elle se développe au niveau du mamelon lorsque le champignon y prolifère de façon anormalement élevée, selon certaines conditions propices :

  • Système immunitaire affaibli ;
  • Prise récente d’un traitement antibiotique ;
  • Chaleur et humidité entretenues par l’allaitement ;
  • Infection buccale de l’enfant (muguet);
  • Présence de crevasses sur les seins;
  • Hygiène inadaptée (trop ou pas assez importante).

Lors d’une candidose, le mamelon prend une couleur rose et brillante. La douleur lancinante ressentie persiste en dehors des tétées.

Du fait de leurs différences, la candidose et le vasospasme nécessitent des traitements fondamentalement différents, d’où l’importance d’obtenir un diagnostic précis avant de prendre des antifongiques ou des vasodilatateurs.

FAQ : les questions récurrentes au sujet du vasospasme du mamelon

Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet du vasospasme du mamelon.

Oui, le fait de tirer du lait permet de stimuler la production de lait et peut même vous aider à limiter le vasospasme. Veillez cependant à utiliser un tire-lait approprié pour ne pas blesser vos mamelons, ce qui favoriserait le vasospasme. De la même façon que pour les tétées, couvrez-vous également autant que possible et tirez votre lait dans une pièce chauffée.

Si vous êtes sujette au vasospasme, mieux vaut éviter l’exposition au froid. Vous pouvez très bien vous baigner dans une eau suffisamment chaude, en prévoyant de vous sécher et de vous couvrir rapidement à la sortie de l’eau. Pensez à bien tamponner et réchauffer votre poitrine à l’issue de la baignade.

Sources

1 Nipple pain, damage, and vasospasm in the first 8 weeks postpartum : Miranda L Buck, Lisa H Amir, Meabh Cullinane, Susan M Donath, 2014.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24380583/

2 Energy and protein requirements during lactation : K G Dewey, 1997.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9240917/

3 Le phénomène de Raynaud : physiopathologie, traitements médicamenteux et médecines alternatives : étude du suivi de patients picards : Noémie Marin, 2020.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21261516/

4 Cardiovascular Toxicity of Nicotine: Implications for Electronic Cigarette Use : Neal L. Benowitz and Andrea D. Burbank, 2017.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4958544/