Sage-femmes, puéricultrices, conseillères en lactation et autres professionnelles de la maternité n’insisteront jamais assez sur l’importance de la position pour réussir son allaitement. Parmi les différentes postures qui existent, certaines favorisent le confort de la maman en cas de césarienne, d’autres contribuent à réduire les douleurs de crevasses, d’autres encore aident à soulager bébé en cas de reflux.
S’il n’est pas essentiel de connaître toutes les positions d’allaitement pour pouvoir nourrir son bébé au sein sereinement, il est intéressant d’alterner entre deux ou trois postures, en fonction des objectifs visés. Cela nécessite de l’apprentissage théorique et pratique. Mais le résultat en vaut largement la peine : une tétée agréable pour bébé et sa maman.
Il n’y a pas un référentiel unique de postures d’allaitement homologuées. En fait, certaines mamans inventent parfois leur propre position avec leur bébé, notamment quand celui-ci grandit et se montre capable de se mouvoir tout seul. Toutefois, certaines positions sont connues et validées par le corps médical, car elles permettent au nourrisson de téter correctement, donc de se nourrir suffisamment, tout en minimisant les éventuelles douleurs maternelles.
Dite position physiologique ou naturelle, la position Biological Nurturing est particulièrement populaire depuis quelques années, et jugée comme instinctive(1). Les études ont montré que les mères utilisant cette posture plutôt qu’une position plus classique avaient généralement moins de douleurs et de lésions(2) aux seins. La position physiologique s’appuie sur les réflexes archaïques du nourrisson tels que le fouissement, la succion ou la marche automatique, qui lui permettent de trouver seul le sein pour se nourrir.
Dans cette position, la mère peut stimuler la plante des pieds du bébé avec ses deux mains, pour déclencher le réflexe de marche automatique(3) qui aide le nourrisson à se propulser vers le sein. La posture, lorsqu’elle est correctement adoptée, apporte un maximum de soutien et de détente à la mère. C’est également une posture idéale avec des jumeaux, car cela évite de devoir supporter leur poids sur le bras tout en favorisant leur proximité.
La position BN peut être adaptée, elle laisse la place à la spontanéité de la dyade mère-bébé. C’est une posture adaptée en cas de crevasses ou de douleurs au sein car bébé ne tire pas sur le mamelon. Il peut aussi être déplacé à 360° autour du sein pour éviter de stimuler les zones douloureuses.
Il s’agit de la position la plus classique pour allaiter, celle qui est encore souvent proposée aux jeunes mamans à l’hôpital.
La madone permet à la mère de garder une main libre, par exemple pour aider bébé à prendre le sein ou pour tirer son lait de l’autre côté. Elle offre une bonne vue sur la bouche et le nez de bébé. Ainsi, cette posture favorise le contrôle de la prise correcte du mamelon, essentielle pour éviter les crevasses et permettre à bébé de se nourrir. Elle permet aussi à la mère de surveiller un enfant qui a du mal à téter, de l’interrompre pour lui faire faire un rot ou de le changer de côté s’il commence à somnoler.
La posture de la madone convient dans de nombreuses situations, tant à la maison qu’en train, au restaurant, au parc ou ailleurs. Elle est privilégiée pour allaiter discrètement, par exemple en couvrant la poitrine avec un châle ou un paréo. Elle favorise les échanges de regard entre bébé et sa maman pendant la tétée, ce qui contribue à maintenir le lien. La proximité des deux corps et l’enlacement du bébé par la mère joue aussi dans la libération d’ocytocine, une hormone essentielle à l’allaitement.
Enfin, la posture de la madone est jugée aussi efficace pour le confort ou la lactation que la posture BN, d’après cette étude(4).
Dans la madone inversée, la mère peut soutenir son sein et le présenter à bébé avec sa main libre. Elle peut également approcher la tête de son enfant du sein lorsqu’il se montre prêt à téter et le guider. Cette posture est idéale pour aligner correctement la bouche de bébé avec le mamelon, notamment en cas de prématurité ou de douleurs aux seins. La position s’avère moins fatigante pour le bras et peut convenir à des nourrissons d’un certain poids.
Tout le corps de bébé étant maintenu par le corps maternel, la madone inversée favorise le contact et réduit la fatigue de chaque membre de la dyade. Bébé dispose d’une meilleure ouverture pour basculer sa tête et ouvrir la bouche avant de prendre le sein, un atout pour éviter les crevasses.
Cette position s’avère reposante pour la mère, à tel point que certaines allaitent ainsi pendant la nuit et se rendorment sans même s’en rendre compte. Elle n’implique pas de poids reposant sur la mère, ce qui est bénéfique en cas de cicatrice douloureuse de césarienne.
En position allongée, la mère peut facilement ajuster la posture de bébé et le positionner au mieux pour qu’il puisse saisir le sein. Il est possible de donner les deux seins d’affilée sans changer de position, à condition que la poitrine ne soit pas trop imposante. La posture induit aussi une proximité rassurante pour bébé et sa maman.
L’un des avantages de la position du ballon de rugby est l’absence de toute pression sur le ventre. C’est donc une posture conseillée aux mères qui ont subi une césarienne. La tête de bébé est entièrement soutenue par la main maternelle, ce qui permet d’aider un nouveau-né hypotonique ou prématuré à bien téter.
La succion du sein dans cette posture se fait dans un angle différent, une perspective intéressante en cas de douleurs au mamelon. Les professionnels de santé recommandent souvent le ballon de rugby pour allaiter des jumeaux. D’autre part, la vue sur la bouche et le nez de bébé aide les jeunes mères à repérer les signes d’une bonne prise du sein.
Idéale en cas de reflux de bébé, la position à califourchon favorise la digestion grâce à l’effet de gravité. C’est une posture qui facilite la prise du sein par bébé, surtout en cas de difficultés dans d’autres postures. Elle s’approche de la position BN et induit un maximum de contrôle de la tétée par le nourrisson.
Le bébé placé à califourchon a le nez bien dégagé, ce qui est indiqué en cas de troubles respiratoires ou de prématurité. Cette position peut être facilement adoptée à l’extérieur, à condition que la mère dispose d’une bonne assise. Elle permet de varier les postures et les angles de prise du sein, par exemple pour éviter les douleurs de l’allaitement. Enfin, certains bébés de plus de 6 mois préfèrent téter en position assise plutôt que couchée.
Proche de la position BN, cette posture est confortable pour la mère qui peut se détendre tout en allaitant. Elle peut aider les bébés qui souffrent de régurgitations en leur procurant une station plus verticale, et convient aussi durant la nuit, si la mère souhaite allaiter dans son lit en restant semi-allongée.
Avec la position australienne, le poids de bébé repose principalement sur le ventre de la mère. Cela assure un minimum de fatigue dans les bras et le dos, et un maximum de contact entre l’enfant et sa maman.
En cas de canaux lactifères bouchés, la position de la louve est la plus efficace pour rétablir la circulation du lait maternel car elle fait intervenir la gravité dans l’écoulement du lait. Elle évite toute pression sur le ventre, ce qui est apprécié en cas de douleurs post-césarienne. La mère peut allaiter son nourrisson de cette façon sans avoir besoin de le sortir de son lit ou de le prendre dans les bras, ce qui peut l’aider à s’endormir rapidement.
À plat dos, bébé se trouve dans une position sécuritaire, sans risque de chute ou de glissement. La louve est tout indiquée pour les mères qui connaissent une importante montée de lait et ont du mal à donner le sein dans d’autres positions plus classiques. Elle convient aussi aux femmes qui ont naturellement une poitrine volumineuse.
En allaitant son bébé dans l’écharpe de portage, la mère bénéficie d’un maximum d’intimité, même dehors ou dans les transports publics. Elle conserve ses mains relativement libres et peut s’adonner à d’autres activités ou s‘occuper de ses enfants plus grands pendant que bébé tète. Le nourrisson apprécie souvent le confort et la sécurité que lui procure le cocon de l’écharpe, tout contre sa mère. Apaisé, il parvient mieux à téter.
L’écharpe procure un bon soutien au corps de bébé, ce qui réduit la fatigue dans les bras de la maman. Elle peut être utilisée dès la naissance si l’enfant est assez grand, et convient aussi pour une sieste d’appoint si le nourrisson s’endort pendant l’allaitement. D’autre part, le portage favorise l’attachement sécure(5) entre la mère et l’enfant. Il est aussi recommandé en cas de coliques ou de reflux.
Il ne faut pas hésiter à adapter les positions d’allaitement selon le ressenti, par exemple en ajoutant des coussins pour le soutien de la mère et de bébé.
Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet des positions d’allaitement.
En général, un bébé qui tire sur le sein ne parvient pas à se nourrir correctement. Cela peut être dû à une mauvaise prise du sein, si bébé ne prend que le bout du mamelon en bouche, mais aussi à un débit de lait trop important en cas de réflexe d’éjection fort ou au contraire trop faible. Certains bébés vont également manifester leur inconfort ou leur douleur en tirant sur le téton. Si cette situation se produit subitement, vérifiez que votre enfant n’est pas sujet à une otite ou à une poussée dentaire.
Enfin, il est aussi possible que bébé tire sur le sein parce qu’il s’ennuie, qu’il est fatigué ou qu’il est rassasié. Vous pouvez essayer de le coucher ou de jouer avec lui, et lui proposer à nouveau le sein plus tard.
Les coliques du nourrisson sont multifactorielles. Dans le cadre de l’allaitement, elles peuvent être influencées par un débit de lait trop important, ou par l’accumulation d’air dans l’estomac lorsque bébé ne tète pas correctement. Au-delà de la position, il est d’abord essentiel de vérifier la bonne prise du sein par votre enfant.
Les postures d’allaitement qui positionnent bébé de façon verticale ou semi-verticale peuvent lui permettre de mieux gérer le débit de lait et d’avaler moins d’air pendant la tétée tout en favorisant la digestion. C’est par exemple le cas de la posture à califourchon, ou de la posture australienne.
Les postures maximisant le contact entre bébé et sa mère œuvrent aussi à soulager les coliques du nourrisson. Pensez alors à essayer l’allaitement en écharpe, l’allaitement en position BN ou l’allaitement en position allongée sur le côté. N’oubliez pas de prévoir des pauses pour faire roter bébé et éliminer l’air avalé.
Si vous avez trouvé une position d’allaitement qui vous convient, qui ne vous procure pas de douleurs aux seins et permet à bébé de téter correctement, il n’y a pas de raison de changer de posture. Vous pouvez parfaitement allaiter de la même façon à chaque tétée.
Les changements de positions sont intéressants pour les mères qui présentent des crevasses, pour celles qui allaitent dans des conditions variées (à la maison, dehors, assise, debout, etc…) ou encore pour les bébés qui ont besoin d’être stimulés durant la tétée.
Certaines problématiques comme le reflux de l’enfant ou les douleurs de cicatrice de césarienne peuvent aussi être améliorées en essayant des postures plus spécifiquement conçues pour ces contraintes.
(1) Optimal positions for the release of primitive neonatal reflexes stimulating breastfeeding : Suzanne D Colson, Judith H Meek, Jane M Hawdon, 2008.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18243594/
(2)The effectiveness of the laid-back position on lactation-related nipple problems and comfort: a meta-analysis : Zhi Wang, Qiuyue Liu, Lihua Min, Xiaorong Mao, 2021.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33761882/
(3) Newborn stepping: An explanation for a « disappearing » reflex. Thelen, E., & Fisher, D. M, 1982.
https://psycnet.apa.org/record/1983-00760-001
(4) Comparing the effects of breastfeeding in the laid-back and cradle position upon the experiences of primiparous women: a parallel randomized clinical trial : Asefe Bashiri, Leila Amiri-Farahani, Hamid Salehiniya, Sally Pezaro, 2023.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36782308/
(5) Does infant carrying promote attachment? An experimental study of the effects of increased physical contact on the development of attachment : E Anisfeld, V Casper, M Nozyce, N Cunningham, 1990.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/2245751/
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